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2 février 2015 1 02 /02 /février /2015 09:27
The imitation game

 

Dans le bureau des frères Weinstein, on cherche un successeur au « Discours d’un Roi », petit biopic pour mamies qui avait ramassé une foison d’oscars. Et on a trouvé avec cet Imitation Game calibré pour faire tomber de la statuette, dans un curieux exercice d’imitation.

 

Il y a donc toujours la seconde guerre mondiale, les costumes d’époque, le héros handicapé (un Asperger, encore mieux qu’un bègue), un acteur branchouille (Benedict Cumberbatch qui remplace Colin Firth), une quête avec compte à rebours (vaincre une machine de cryptage allemande vs faire un discours), une caution féminine (Kiera Knightley succède à Helena Bonham Carter)  et un réalisateur docile sans personnalité pour emballer le tout. (le norvégien Morten Tyldum succède au triste Tom Hooper)

 

Bref, on reste dans le monde du film grand public formaté, produit pour plaire à un public adulte qui cherchera autre chose qu’un Marvel à se mettre sous la dent, mais sans autant trop de faire violence non plus. Ces considérations économiques mis à part, le personnage de Turing méritait mieux qu’un biopic ultra traditionnel. Personnage fascinant et anti conventionnel,  Turing était à la fois un génie et une personne non adaptée à son temps, où l’homosexualité et le syndrome d’Asperger n’étaient pas encore comprises et tolérées.

 

Il aura donc droit au traitement standard avec le package complet : l’enfance, les doutes, la déchéance, les collègues hostiles qui deviennent les meilleurs amis du monde, le tout dans agrémenté d’inévitables allers-retours temporels. Quand un biopic commence par la fin, comme tous les autres depuis 25 ans, on sait d’entrée que ce n’est pas gagné.

 

Reste donc l’interprétation très au point de Benedict Cumberbatch, qui rend le spectacle de cet homme machine froid et calculateur, distant et pourtant humain. A l’arrivée, et malgré son manque criant de fond et d’originalité, le film est plutôt agréable (davantage que le pénible discours d‘un roi), mais assez insignifiant.

Normal, bêtement normal, ce qui semble être un problème régulier des biopics qui décrivent la vie de personnes… anormales

 

Et comme les grosses ficelles de Weinstein commencent à se voir, pas d’oscar en vue pour la belle machine. Même Benedict Cumberbatch devrait se voir siffler la statuette par … un autre biopic sucré, celui de Stephen Hawkings. Comme quoi, on peut être battu à son propre jeu

 

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Dans la lignée de Ken Loach, le film n’a pas la finesse du maître anglais, mais se rattrape par sa générosité et sa capacité assez inédite en France de gérer à la fois un fond grave et une bonne humeur franchement contagieuse. Avec en prime, de vrais beaux personnages secondaires, comme ce petit voisin serveur qui prend de plus en plus d’importance au fil des minutes, ou ce père grincheux qui devient tellement touchant.

 

Un film qui donne envie d’être du côté des petits, des emmerdeurs, des empêcheurs de tourner en rond. Sans jamais être démagogique.

 

Un petit miracle. 

 

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