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27 mai 2009 3 27 /05 /mai /2009 09:00



Johnnie To, un des cinéastes asiatiques les plus branchés, qui engage notre Johnny national pour ressusciter l’image du tueur froid et solitaire, façon Alain Delon dans le samouraï ? Pourquoi pas.

 Après le meurtre de son beau fils et de ses deux petits enfants, un vieux restaurateur part à la recherche des assassins, et engage trois tueurs locaux pour l’aider. La suite ne sera pas spécialement surprenante : flinguages à tout va, honneur asiatique, chef de triade véreux, bol de, riz, etc… L’intérêt n’est pas là, le film se veut d’abord un très grand exercice de style : scénario minimaliste, voire simpliste, dialogues réduits, mélange des langues, longs plans (magnifiques) sur Macau et Hong-Kong et surtout références cinéphiles plein le champ (Melville, Léone et Pekinpah ne sont jamais bien loin)

Il faut reconnaitre à Johnnie To le sens du style et l’élégance de sa mise en scène : la lumière est très chouette, les scènes d’action sont plutôt lisibles, quelques jolies scènes d’ambiance ou de calme découpent bien le film, bref, c’est plutôt du bon travail. Mais on en attendrait forcément plus d’un réalisateur de cette trempe : on n’est jamais franchement envoûté par les ralentis et les effets de style, jamais soufflé par un découpage des gunfights propre, mais sans relief ni originalité, et pas vraiment touchés quand To tente le coup de l’émotion. A ce titre, la seule scène entre Johnny et Sylvie Testud est balourde, téléphonée, à la limite du grotesque. Pas terrible pour lancer un film. Ce n’est pas le personnage principal qui relève le tout. On a demandé à Johnny de jouer, le fantôme, il joue le fantôme : quoi de plus naturel pour lui de balancer dans un mauvais anglais des phrases qui ne dépassent pas les 5 mots ? Ses trois compères sont beaucoup plus intéressants. Joués par de « vrais » acteurs asiatiques, ils combinent l’élégance, la souplesse et l’émotion nécessaire pour véritablement porter le film. C’est un film sur eux que j’aurai eu envie de voir. C’est simple, dès qu’ils disparaissent de l’écran, l’ennui survient ou le grotesque repointe son nez . Les vingt dernières minutes sont à ce titre, assez ratées.

Un talent certain de la mise en scène donc, mais qui tourne un peu à vide. Ce n’est pas la première fois que je sors d’un film de Johnny To en me demandant d’où vient cette fervente admiration des critiques européennes qui lui vaut des passages répétés à Cannes…

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