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6 juillet 2009 1 06 /07 /juillet /2009 10:50



Le Woody Allen de l’année est arrivé. Après une escapade anglaise, puis catalane (et en attendant Paris), le réalisateur revient le temps d’un petit film dans son New-York familier. Il y retrouve l’univers et la façon de faire de films qu’il avait adopté il y a quelques décennies : peu de stars, des petits moyens, une action concentrée dans la ville, et évidemment une narration limitée aux grands problèmes existentiels de chacun : la vie, la mort, l’amour.

Une fois de plus, le réalisateur confie à un acteur le soin d’incarner son double à l’écran. Parfois, il n’est pas facile à repérer, ici, il est d’une évidence assez immédiate : Boris est vieux, intellectuel, dégarni, cynique, a un nom juif et semble concentrer toutes les névroses possibles sur sa personne. C’est cet antihéros qui accueille le spectateur en l’apostrophant au début du film, et en lui conseillant d’aller plutôt se faire masser les pieds s’il veut passer un bon moment. Immersion directe et sans pallier de décompression dans cet univers « allenien », fait de second degré, de cynisme et d’ironie. Mais l’arrivée d’une jeune squatteuse, aussi charmante qu’inculte, va faire basculer la vie bien rangée du narrateur. Puis l’arrivée des parents de celle-ci va définitivement tout chambouler.   

Woody Allen s’amuse comme un petit fou avec sa galerie de personnages, jusqu’à leur trouver les trajectoires les plus absurdes et les plus fantaisistes. Si le début du film peut paraître un peu sage et convenu, il se débride au fur et à mesure de l’arrivée de la famille sudiste à New-York. Avec son art du dialogue et de la situation loufoque, Woody nous ballade entre les parcs, les expos, les cafés et les vieux appartements avec un seul message : pour trouver le bonheur, il ne suffit pas de s’enfermer dans un des schémas préséléctionnés pour vous, mais bien de le saisir au vol, de le conserver, et puis d’aller le chercher ailleurs quand il le faut. Plus que le vieux râleur aigri, c’est le personnage de Mélodie qui est le fil conducteur : derrière la première image de cruche sudiste, on assiste à la construction d’un personnage à la fois complexe et attachant. Simple mais pas simplette. Et qui doit gérer comme tout le monde ses états d’âme, ses hésitations, et sa recherche de bonheur. Dans ce rôle tout en nuances, Evan Rachel Wood est absolument irrésistible et habite son personnage avec une fraicheur magnifique. Tout cela se résout dans un grand bain de bonne humeur et d’optimisme, mais dans un dénouement complètement inattendu, garanti 0% mièvrerie.

Certains préféreront le Woody Allen mordant, cynique, ironique, virtuose à la recherche du chef d’œuvre. Pour ma part, même s’il s’agit d’un opus mineur dans la filmographie déjà bien riche de son auteur, je pense qu’un film aussi drôle, intelligent et rafraichissant mérite le détour. Et que beaucoup de réalisateurs seraient contents d’arriver à un tel résultat une fois dans leur carrière.  

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