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20 juillet 2009 1 20 /07 /juillet /2009 08:19



Harry Potter est la poule aux œufs d’or de la Warner. Des centaines de millions de fans, un public conquis d’avance, 5 films déjà passés, au succès gargantuesque et encore deux à venir après celui-là, puisque le dernier roman, impossible à résumer en 3 heures, sera divisé en deux.(et ça fait plus de pognon au passage, mais ce genre de considérations est totalement etrangère à un grand ponte de la Warner)

Mais l’attente suscitée est difficile à combler : il faut à la fois répondre aux attentes des aficionados forcément très exigeants, et au grand public qui ne doit pas de perdre dans des récits faisant intervenir beaucoup de personnages et d’intrigues secondaires. Après deux premiers épisodes sympas mais très lisses, le studio avait confié le bébé à de vrais auteurs-réalisateurs pour les deux suivants (Alfonso Cuaron et Mike Newell, quand même) , avec réussite puisque les films étaient à la fois complets et encore assez accessibles. J’avais été assez dubitatif sur le travail réalisé par David Yates sur L’ordre du Phoenix, mais le livre était sans aucun doute le plus faible et le plus compliqué de la série, ce qui ne laissait que peu de marge de manœuvre. Les excellents résultats du film ont néanmoins encouragé les big boss à confier à ce réalisateur anglais, non seulement le numéro 6 mais aussi les deux suivants.

Le Prince de sang mêlé était a priori assez casse gueule à adapter : il consiste en une lente montée de tension, entrecoupée de mystères et de d’intrigues amoureuses, jusqu’à une scène finale détonante, dont tout lecteur un peu impliqué dans l’univers se souvient encore. Et il faut dire que le travail est plutôt bien fait, les scénaristes ont réussi à enlever suffisamment des intrigues secondaires et à conserver le cœur du récit pour que tout se passe bien pendant deux heures : la tension est grandissante, les amourettes bien tressées et les moments d’humour plutôt efficaces. David Yates fait le job avec application, en bon professionnel, sans génie particulier mais avec suffisamment de savoir-faire pour que cet épisode de transition s’avère (avant la fin) un agréable divertissement, qui réconcilie fans et profanes. Entre une séance musclée de quidich, les mésaventures amoureuses de Ron, les plongées dans le passé et la quête du premie Horcruxe, il réussit même quelques très belles scènes. De plus, on a souvent tendance à oublier que les jeunes acteurs ont leur part dans la réussite de la saga : ils sont justes, touchants, et plutôt drôles.

Mais voilà, de manière assez inexplicable, le réalisateur passe complètement au travers des deux scènes les plus importantes du livre : la première, chez Snape, et la dernière, au château. Ces deux séquences sont parmi les plus fondamentales de toute l’histoire, et elles sont traitées avec une paresse qui fait peine à voir. C’est particulièrement vrai pour la séquence finale, qui reste pour les fans un grand moment de tension et de violence, et qui est emballée-pesée en cinq minutes montre en main. Pas de grand combat dans le château, pas de bataille rangée dans la cour, pas de tragédie, pas grand chose des brillants dialogues d'origine, juste une petite scène en haut de la tour, et hop, on se barre dans la campagne avec les Death Eaters qu’on a mis un an à faire entrer, et qui n’ont pas servi à grand-chose sinon casser quelques lustres. C’est totalement frustrant, et vraiment idiot au vu du potentiel cinématographique de la scène.

C'est d'autant plus dommage que le contrat avait plutôt été bien rempli jusque là. Une découpe de sauvage de producteur soucieux de conserver une durée acceptable au film n'est cependant pas à exclure, mais cela n'encourage pas forcément à l'optimisme pour la suite, et laisse un très sérieux goût de deception.  

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