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23 septembre 2009 3 23 /09 /septembre /2009 08:13




La trajectoire imprévisible d’une ado paumée dans l’Angleterre pauvre et trash. Entre sa mère irresponsable et seule, sa petite sœur trash, l’alcool, les copines un peu trop pouffes et surtout l’alcool, Mia voit passer sa vie devant elle, refuse de retourner à l’école et préfère se préparer pour une audition de danse, tout en oubliant pas de réaliser ses deux ou trois conneries par jour. L’avenir semble bouché, et si Mia se présente à cette audition, c’est plus pour se raccrocher au moindre espoir de sortir de ce cercle infernal qui la voit se hurler dessus avec sa mère, claquer la pote, faire un tour, revenir, et recommencer.

Un film social anglais de plus ? Oui et non. Oui car Andrea Arnold reste dans la grande tradition du film prolétaire britannique : caméra à l’épaule, décors minimalistes et poisseux, familles décomposées, ados paumés, langage fleuri, trajectoires tragiques. Si le décar a quelque chose de familier, une telle misère sociale met toujours une petite claque. Non car elle se concentre uniquement sur le personnage de Mia, ses envies, ses déboires et ses transformations. La description de la misère sociale et affective n’est pas le but, c’est une toile de fond. C’est ainsi que le film trouve un curieux équilibre, entre Ken Loach pour la peinture sans compromis d’une société, et Gus van Sant pour le portrait lunaire, décalé, parfois onirique d’une ado qui se construit en se prenant baffe sur baffe. Même dichotomie dans les lieux entre le béton et l’asphalte de la ville, qui laisse parfois place à la campagne, aux arbres et à la mer.

Le film traite donc le thème de l’adolescence dans ce qu’elle a de plus noble et de plus appréciable : des torrents ininterrompus d’insultes plus créatives les unes que les autres, des coups de tête (au sens propre), des vols, des flirts et parfois un peu de sexe. C’est amusant comme on commence par une forte envie de distribuer les paires de claques, et qu’on bascule vite vers une grande indulgence, et même une tendresse pour cette ado qui est finalement à peine plus timbrée que la moyenne, et qui dispose d’une répartie assez géniale.

C’est aussi la limite du film, qui n’est parfois pas loin de tourner en rond en ne s’intéressant qu’à un seul personnage, dans la cadre d’un scénario qui privilégie les tranches de vie et l’ambiance sur une véritable histoire à rebondissements. L’irruption du personnage du boyfriend de la mère (Michael Fassbender, qui excelle décidemment partout…) met un peu de fond et de contenu au récit, et l’emmène vers des eaux plus obscures et plus ambigües, donc plus intéressantes vers la dernière demi-heure. Un joli portrait de femme donc, porté par une interprète débutante assez phénoménale. Un moment de cinéma agréable, poétique et original, sûrement. Est-ce que ça valait un prix du jury à Cannes, je ne sais pas…

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