« Ca va être dur de faire ça en finesse » « Oublie la finesse ! »
Ca commence on ne peut plus normalement. Don, gueule patibulaire mais presque, condamné à la prison à vie, est transféré vers sa prison dans un bus aussi bien défendu qu’un distributeur de M&Ms. Avec deux voitures de courses, sa sœur et son complice le font échapper non sans faire réaliser au dit bus un quintuple salto arrière en se servant d’une des deux bagnoles comme tremplin. Heureusement, le reporter arrivé sur les lieux nous informe qu’aucune victime n’est à déplorer. Ouf. Tout ça avant le générique.
A partir de là, on se dit qu’on tient peut-être ce que l’on était venu chercher : un authentique nanar décérébré, plein de testostérone, de grosses bagnoles et d’une niveau abyssal d’idiotie. La première demi heure depuis Rio De Janeiro est un enchantement. Entre deux plans du Corcovado, le film vous apprend par exemple à voler des voitures depuis un train en marche dans le désert, à l’aide d’un chalumeau et d’une grosse paire de couilles. Mais le meilleur est à venir en la personne de l’agent fédéral qui débarque dans la cité brésilienne pour mettre la main sur les fugitifs . On sait depuis la semaine dernière qu’un commando américain a le pouvoir d’aller flinguer des gens à peu près partout sur la planète, avec les flics locaux qui leur déroulent le tapis rouge. S’appuyant sur cette jurisprudence Ben Laden, The Rock, ses 130 kilos de muscles et son improbable bouc en permanence trempé de sueur prennent donc un malin plaisir à traquer nos trois héros en tuant à peu près la moitié de la ville sur leur passage. Cette sensation d’assister à quelque chose d’unique est renforcée quand débarque Elsa Pataky (ex Mme Michael Youn) en tant que traductrice assermentée, pour participer au concours d’interprétation minimaliste lancé par Paul Walker qui prouve que l’on peut tenir un film de deux heures avec une seule expression faciale.
Du grand n’importe quoi donc, mais qui s’effiloche au fil de minutes pour ramener tout ce beau monde vers un film de braquage presque banal, espèce d’Ocean’s Eleven du pauvre, avec un grand méchant et un commando où chacun a un rôle précis dans la longue préparation du casse. On en est à regretter franchement le début du film quand le réalisateur, manifestement fatigué de filmer des personnages parler et réfléchir, revient enfin à la raison dans la dernière demi-heure. Au programme : corps à corps de 250 kilos cumulés entre The Rock et Vin Disesel, abatage de murs du commissariat central de la ville, destruction de la plus grande partie de la flotte des voitures de l’état de Rio, prouesses au volant en couple (programme libre), morale positive sur l’amitié et la famille et vieilles feintes de l’ours que tout le monde comprend bien avant les flics. En somme, de quoi faire passer Michael Bay pour Claude Sautet. Et donner au film une filiation totalement incongrue avec Tex Avery ce qui pousse le spectateur vers un état de perplexité avancée.
On en ressort sûrement un peu plus bête que quand on y était entrés, mais si vous cherchez le film débile mais hautement euphorisant de ce début de période estivale, vous l’avez trouvé.