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13 février 2012 1 13 /02 /février /2012 06:56

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Une très grande frustration. La première de 2012. Tout semblait réuni pour obtenir un grand film d’espionnage : un roman du maître John La Carré, un jeune réalisateur prometteur, la fine fleur des acteurs anglais y compris dans des seconds rôles, et des premières images qui montraient que l’équipe avait réussi à capturer cette l’ambiance si particulière du roman, en particulier celle du poussiéreux quartier général des services  secrets anglais, à des lieues de la CTU de Jack Bauer. Et pourtant, à trop refuser de faire un film d’espionnage comme les autres, cette Taupe en devient impénétrable, incompréhensible, et plus grave encore, redoutablement ennuyeuse.

 

Si la plupart du film est d’une grande complexité narrative, le pitch est des plus classiques : l’ancien numéro 2 du MI6 (Gary Oldman, immense, et justement nominé aux oscars) est rappelé par le ministère pour débusquer une taupe qui serait un des directeurs du fameux Circus, au service des russes depuis des années. La partie d’échecs commence avec quatre anciens collègues dont un est forcément coupable.

Dès les premières images, le réalisateur Tomas Alfredson cherche à séduire et à positionner son film d’espion dans la tradition de John Le Carré : beaucoup de dialogues, de mystères, d’acteurs différents et assez peu d’action. Les décors sont parfaits, le rythme lent et appliqué, et chacun des concertistes joue sa prestation avec finesse et retenue, à mesure que l’ensemble devient de plus en plus complexe et de plus en plus sombre. Une grande classe et grande intelligence, un style décalé assumé, qui font pousser à une partie de la critique des cris d’orfraie. (j’ai lu « chef d’œuvre absolu »…)

 

Pourtant, le film laisse perplexe. Car malgré ses évidentes qualités, il semble qu’il ait oublié quelqu‘un en route : le spectateur. D’abord, résumer un tel pavé en deux heures oblige à des raccourcis et à des sous-entendus, ceux qui n’ont jamais ouvert un bouquin de Le Carré vont rapidement être à l’agonie. D’autant que le scénario fait quelques allers-retours brutaux entre le présent, le passé, Londres, Paris, la Turquie et Budapest sans que la cohérence de ces récits gigognes ne frappe immédiatement, et sans non plus qu’elle aiguise la curiosité.  Et en plus, c’est un rythme incroyablement atone qui prédomine, comme pour mieux appuyer la description d’un monde délicat et feutré. Une telle négation de rythme est déjà un genre en soi, mais combiné à cette incroyable complexité narrative, cette mise en scène ouatée finit par enfermer le film, l’aplanir et lui enlever tout aspérité.

On finit par ne pas tout comprendre, (ce que reconnaissent du bout des lèvres un certain nombre de critiques un peu gênés aux entournures), et à se perdre franchement en route jusqu’à la résolution finale à laquelle on ne s’intéresse finalement plus beaucoup. On peut admirer le talent de Tomas Alfredson pour faire de belles images et diriger les acteurs, mais le talent de metteur en scène n’est-il pas aussi de restituer la complexité et de faciliter sa mise en image, plutôt que de rendre son spectateur prisonnier et impuissant ? Peut-on vraiment porter aux nues un film intéressant, mais qui produit un effet soporifique instantané ? (ne tentez pas les séances après 20h00, l’effet est garanti)

 

 

Pourtant, devant tant de talents conjugués, on a la sensation désagréable d’être passé à côté de quelque chose. Presque l’envie d’y retourner. Mais aussi que, si l’on a passé la moitié du film à lutter contre le sommeil et à essayer de démêler tous les fils, quelqu’un n’a pas du faire son boulot… 

 


 

 


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