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23 janvier 2012 1 23 /01 /janvier /2012 07:21

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Une énième version de Millenium ? Pour les (très nombreux) lecteurs du livre et les (nombreux) spectateurs de la première adaptation suédoise, cela pouvait sentir le plan foireux réchauffé par Hollywood, dans le but prioritaire de remplir le tiroir caisse, plutôt que de faire rêver le spectateur. Et c’aurait probablement été le cas si une bonne fée ne s’était pas penchée sur cette version. Une bonne fée appelée David Fincher.

 

 

Une bonne fée qui pose le sujet dès le générique. Une claque, une vraie, on a probablement déjà trouvé le meilleur générique de l’année, à base d’images de synthèse mêlant culture geek et noirceur assumée, le tout assaisonné par une reprise toute en puissance de Led Zeppelin. Bienvenue dans un monde où un film est un tout, mis en cohérence par une mise en scène qui magnifie tout ce qu’elle touche.

 

Pour les quelques résistants qui ne seraient pas au fait du pitch, rappelons juste que l’on suit les destins croisés du Journaliste Michael Blomkvist et de l’enquêtrice Lisbeth Salander. L’un a été engagé par un vieillard pour élucider un meurtre vieux de 40 ans, l’autre se retrouve mêlée à l’affaire progressivement en raison de ses talents d’enquêtrice et de hacker.  

 

L’histoire est bien connue, ainsi que ses enjeux, ses rebondissements et même sa conclusion. L’intérêt unique du film va donc résider dans l’exercice de style que David Fincher a concocté, en priorité pour le public américain. Et ce n’est pas dans le script (plutôt fidèle au livre), ni dans l’angle artistique (également connecté sur le roman) que Fincher va faire la différence, mais bien dans sa mise en scène qui n’a décidemment pas beaucoup d’équivalent dans le cinéma hollywoodien actuel. Car sous vos yeux ébahis, l’histoire que vous connaissez déjà devient belle, passionnante, nouvelle, riche et même parfois trépidante. Le gros bouquin à grand trous d’airs narratifs devient un thriller ample et prenant, visuellement très au point.

 

Cela passe par la construction progressive des deux personnages, d’abord chacun de leur côté. Daniel Craig campe un Michael Blomkvist très fidèle, mêlant le charme du journaliste d’investigation à la déprime de l’homme acculé par sa vie professionnelle et personnelle. Quant à Rooney Mara, elle relève haut la main le défi considérable de donner vie à un des personnages les plus marquants de la littérature populaire récente. Une composition formidable qui met en images le côté invincible et incontrôlable de la jeune fille, sans faire l’impasse sur sa  fragilité affective. Chaque personnage se construit donc doucement, la première partie du film consiste principalement en un aller-retour entre les deux protagonistes. Mais on ne décroche pas.  

 

Et quand ils se croisent, c’est absolument parfait, le film montant en puissance dans une fluidité narrative et visuelle absolument bluffante. C’est la grande intelligence du réalisateur : ne pas crâner sa caméra en main . Il sait respecter un montage et une progression avec une efficacité redoutable, mais il sait aussi reprendre la main pour les scènes fortes, coller une identité dans la mise en scène comme cette incroyable partie de cache-cache filmée sans un seul bruit dans la maison, ou encore dans les scènes violentes et crues avec Lisbeth. Art du rythme, art du cadre, art du montage, art de la lumière, le film reste un polar, mais définitivement de première catégorie.

Et à l’arrivée, ces 2 heures 40 passent à une vitesse incroyable. Jusqu’à un plan final d’un cadeau jeté dans une poubelle, dans la nuit suédoise. Derrière la violence, les images choc, il y a toujours chez Fincher cette obsession de l’humain et de leurs pulsions les plus profondes. Millenium ou comment faire revivre un roman par l’art de la mise en scène. On en redemande. 

 

 


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