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8 décembre 2010 3 08 /12 /décembre /2010 08:49

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On pouvait s’attendre au pire..La bande annonce nous invitait à un énième « film de monstre » qui semblait naviguer entre le pur objet marketing à la Cloverfield et le film opportuniste copiant l’excellent Disctrict 9. Mais voilà, il s’agit en fait d’un film indépendant et fauché, dont le réalisateur assure aussi le scénario, la direction photo et les effets spéciaux, et qui pouvait se prévaloir d’un bouche à oreille très positif dans les différents festivals qu’il a écumé. Et pour cause…

Nous ne sommes même pas aux Etats-Unis mais au Mexique où un photographe est chargé par un magnat de la presse de ramener sa fille en lieu sur. Il faut dire qu’une large bande de territoire à cheval sur les USA et le Mexique est devenue interdite après avoir été colonisée par des aliens qui prennent le forme de pieuvres géantes souvent mal intentionnées. Le trajet est chaotique, long, et surtout particulièrement dangereux, car les armées mexicaines et américaines bombardent inlassablement les zones infectées qu'ils doivent traverser. 

 

Le réalisateur Gareth Edwards impressionne dès la séquence d'ouverture, puis tout le long de son premier film, autant par son ambition de départ que dans sa réussite visuelle et narrative. Le choix est clair de ne pas montrer grand-chose de ces monstres : on les voit clairement plusieurs fois, mais le temps de présence à l’écran est relativement faible. Ce qui pourrait être perçu comme une contrainte de budget, mais avec plus de moyens, Gareth Edwards aurait-il davantage montré ses monstres ? Pas sûr.

Car ce qui l’intéresse, c’est tout le reste : les populations, le décor (successions de magnifiques plans d’Amérique Centrale, autant urbains que naturels), les personnages, cette errance dans le but de rejoindre une zone sûre. Le film raconte un voyage vers une terre de sécurité, au gré des rencontres, des étapes et des différents obstacles. Ce qui commence comme un voyage organisé se transforme peu à peu en errance, de zones urbanisées et très peuplées jusqu’à des déserts abandonnés.  

 

Et le réalisateur fait preuve dans chacun de ces moments d’une maitrise assez bluffante. Que ce soit pour croquer une soirée un peu trop arrosée, la traversée d’une banlieue pauvre, une attaque violente ou encore une remontée de rivière dans la jungle, Gareth Edwards a vraiment l’œil et la cadre pour réaliser des plans magnifiques, et les intégrer au service de son histoire, le tout dans une ambiance de guerre à la fois proche et lointaine vraiment réaliste. Ces camps de réfugiés, ces bombardiers qui passent sans fin dans le ciel et ces carcasses de tank font évidemment écho à des scènes « réelles » que l’on a tous pou voir dans notre télé.

Mais la réussite du film est aussi narrative. Si le film peut paraître parfois un peu lent, vague et flottant, c’est que tout n’est pas dit, les personnages sont cernés au fil du film, et de manière fine et suggérée, sans ce besoin maladif de tout expliquer, de tout rendre clair comme de l’eau de roche. On est parfois plus dans le drame familial ou le film de rencontre que dans l’épouvante. Edwards ose même la tragédie amoureuse, le sentiment voire la poésie sur la fin, et choisit de privilégier les relations personnelles plutôt que de forcer le trait sur l’habituelle métaphore politique des films de monstres. Cette partie poétique et sentimentale pourra laisser un peu de monde sur le carreau, mais il faut reconnaître au réalisateur la cohérence et même le culot d’aller jusqu’au bout de son idée avec une séquence onirique en miroir avec deux pieuvres dans un ciel d’orage.

Sans non plus atteindre les sommets que District 9 avait balayé l’an dernier, Monsters est une nouvelle preuve, quoique plus personne n’est à convaincre, que le regard et le talent d’un réalisateur remplacent tous les budgets du monde, même pour un film de science-fiction. 

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6 décembre 2010 1 06 /12 /décembre /2010 08:58

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Machete2

 

"Machete don't text"

 

Au départ, ce n’était qu’une bande annonce…Un délire entre Quentin Tarantino et Robert Rodriguez, qu’ils avaient inséré dans le diptyque Grindhouse. Un pastiche de série Z mettant en scène Machete, un mexicain au visage buriné (la gueule unique de Dany Trejo) en quête de vengeance. Quelques années, plus tard, ce petit clin d’œil au cinéma de genre et au Mexique est devenu un « vrai » film. Machete a été un agent des stups mexicains, trahi par sa hiérarchie et laissé pour mort par le parrain local, qui assassine sa femme et sa fille au passage (oui, oui, c’est comme ça qu’on fait au Mexique, si on est un parrain de la drogue qui se respecte). 3 ans plus tard, c’est en tant que travailleur immigré sans papier qu’un inconnu étrange lui propose d’assassiner un sénateur du Texas. Mais rien ne se passe comme prévu..


Robert Rodriguez est incorrigible. Pour lui, le cinéma n’est pas un art, c’est surtout une blague. Et donc il ne cherche pas à faire du grand cinéma, il préfère rester à son niveau. Il n’est pas Tarantino et n’a peut-être jamais voulu l’être. Il fait son petit business, c’est tout.

Petit business qui consiste à dérouler une série B qui tend joyeusement vers la série Z. Flingages, éviscérations, décapitations, tranchage de carotides : le film se base concentre surtout sur l’action gore comme fil rouge, en s’appuyant de temps en temps sur un scénario bien convenu et sans grandes surprises : un crime originel puis une série de vengeances avec pour but ultime de couper en morceau l’ultimate bad guy. Avec un peu d’inventivité, mais sans marquer non plus l’Histoire, le réalisateur fait donc preuve de son habituelle aisance pour nous passer les plats, avec toujours beaucoup d’humour, sans oublier ses propres références, l’Eglise en premier lieu (une fausse bonne sœur qui manie la mitrailleuse et un prêtre qui fait un carnage dans son église). C’est drôle, énergique, bien rythmé. Si on aime les séries B (et le Mexique), on en a pour son argent.

Ce bonhommisme et cette ambition limitée se retrouvent d’ailleurs jusqu’au casting et aux personnages. Les poids lourds convoqués (De Niro, Alba mais aussi Lindsay Lohan) ne font pas d’étincelles et semblent presque gênés de se trouver là alors que Michele Rodriguez, Don Johnson, Jeff Fahey et Steven Seagal, habitués des séries B, sont vraiment meilleurs, plus à leur aise dans la démesure, le délire et le second degré que nécessitent une telle entreprise. Et tant pis si Steven Seagal ressemble à tout sauf à un parrain mexicain…


Néanmoins, et c’est une première, Rodriguez pose une toile de fond presque politique derrière le gros délire. Le film parle aussi des immigrants mexicains avec une tendresse et une empathie qui fait plaisir à voir. C’est presque un hymne aux jardiniers, mécaniciens et autres cueilleurs qui peuplent le Texas et qui travaillent dur pour gagner leur droit de rester dans ce pays. Source de gags, mais aussi de scènes très dures, la situation des immigrés prend de plus en plus d’importance à mesure que le film avance, pour culminer jusqu’à un règlement de comptes mémorable.  Et au final, voir une bande de jardiniers armés de râteaux et de machettes botter le cul dans les grandes largeurs d’une bande de red-necks à moitié fascistes est quand même un vrai bonheur… 

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2 décembre 2010 4 02 /12 /décembre /2010 16:25

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« Les mecs de droite, moi, je les nique. Pour convertir un mec du FN, ça peut prendre jusqu’à dix jours. Un fan de Bayrou, c’est une demi-journée maximum »

Arthur Martin a une vie ennuyeuse qu’il traverse comme un fantôme, rythmée par des autopsies d’oiseaux et des visites chez ses parents. Lors d’une intervention à la radio, il est vivement pris à partie par Bahia, gauchiste beur un peu timbrée qui va de petits boulots en petits boulots, mais qui a un hobby pour le moins orignal : coucher avec des gens de droite pour les rendre de gauche. Manque de bol, malgré les apparences, Arthur est jospiniste. 

Le cinéaste Michel Leclerc a choisi pour ce Nom des Gens de mêler les genres : c’est évidemment la comédie avec de gros gags (trop) prévendus par la bande annonce, surtout véhiculés par l’ouragan Bahia (formidable Sara Forestier), mais aussi un film qui a des choses à dire sur les préjugés, la famille, la mémoire, la communication. Réalisé de manière originale avec quelques bonnes idées (les biographies, les personnages discutent avec leurs « doubles » jeunes), le mélange est à la fois curieux et  inconstant, mais vraiment rafraichissant et original, surtout parce le film ose tout, sans aucune restriction ni aucune contrôle. On se ballade à poil dans la rue, on passe d’un mec à l’autre sans trop de problèmes, on déconne sur les animaux morts, on insulte les gens dans plusieurs langues, on se tape un responsable local du MEDEF jeunes,  etc…


Et le « message » politique n’est pas en sous titrage, ou au second degré, il EST l’essence des personnages, de leurs actions, assené par Sara Forestier en mode bulldozer. On laisse de côté les sages comédies de mœurs parisiennes gentiment bobo pour passer deux heures avec une activiste qui considère que tous les gens de droite sont des fachos et qu’il faut les soigner, qu’ils souhaitent le fin de l’humanité et ne pensent qu’au fric toute la journée. Loin de promouvoir un message de ce type au premier degré, le réalisateur s’en sert surtout comme une source de gags inépuisable,  même s’il finira quand même par intégrer un vrai et beau point de vue avec une chouette  pirouette finale. Le film se nourrit aussi de la jolie ribambelle de secondes rôles, que sont les quatre parents, tour à tour touchants, drôles, effacés et bien sûr insupportables chacun dans leur genre.

 

Le film a donc beaucoup de fond, quelques très bons gags et une galerie de personnages à la fois originale. Pour réussir une excellente comédie, il manque au réalisateur du rythme et une constance dans les scènes et les dialogues : le film traverse parfois de gros trous d’air et manque parfois d’équilibre pour faire passer correctement les séquences sérieuses entre les séquences loufoques. Mais au final, on pardonne volontiers à Michel Leclerc ce manque de maitrise, bien compensée par la fraîcheur de son film et la grande sympathie qu’il déclenche instantanément. 

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26 novembre 2010 5 26 /11 /novembre /2010 08:42

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Les naïfs qui pensaient qu’ils en auraient fini avec Harry Potter pour ce 7ème épisode en sont pour leurs frais. Dans une optique éminemment artistique (si, si, on vous jure, clame le studio, on veut respecter les fans), ce 7ème opus a été coupé en deux parties pour « préserver la richesse de l’histoire ». Il est évident que cela n’a rien à voir avec une quelconque vision mercantile de l’exploitation de la saga, notoirement connue pour être réservoir à cash de la Warner depuis des années. On retrouve donc Harry dans un monde de sorciers où Voldemort s’apprête à prendre le pouvoir. Livré à lui-même, ne pouvant compter que sur ses deux meilleurs amis, le voilà parti en camping dans la campagne anglaise à la recherche des Horcruxes. Le problème étant qu’il n’a pas la moindre idée où les trouver, ni comment les détruire. En même temps, y a 5 heures de film(s) à tenir, aucune raison de se dépêcher…


Avec les moyens considérables dont dispose le film, la question de la réussite d’un Harry Potter se mesure plutôt à la capacité du scénariste à adapter pour l’écran des bouquins longs , complexes, et avec des faux rythmes et une multitude de personnages, et finalement assez peu pourvus en séquences d’action et de mouvement, ces caractéristiques étant exacerbées dans les derniers livres de la saga. Cela avait rendu les opus 5 et 6 au cinéma longs et parfois bien déséquilibrés. Malheureusement, le choix de faire 2 films pour celui-ci renforce ce malaise. Là où l’adaptation aurait pu profiter d’une longueur réduite pour dynamiser le récit, elle le dilue encore plus. The deatly hallows est un récit en deux parties : une longue errance qui finit de poser les personnages et qui rassemble les pièces du puzzle, puis une course effrénée jusqu’à la résolution finale. En coupant ce récit en deux parties, ce film ne conserve que l’errance, très centrée sur les trois protagonistes, et volontairement interminable. C’est peu dire que les non initiés risquent de trouver le temps long…Même les aficionados risqueront de sombrer dans cet immense trou d’air qui prend tout le milieu du film, entre camping sauvage, disputes conjugales adolescentes, le tout dans une quête sans but, sans fin et sans porte de secours.


Si la réalisation de David Yates est toujours efficace, elle prend assez peu de risques et se contente comme d’habitude de mettre en images sagement un univers suffisamment riche comme ça. Tout ceci sent bon le blockbuster très formaté et le film de sortie familiale auquel les parents forcés par leurs enfants devront se soumettre la mort dans l’âme. (Les mêmes parents seront ravis de constater qu’un film pour enfants inclut dorénavant des morts à la pelle, des scènes de torture, et du presque cul)

Quelques fulgurances vienent néanmoins nuancer le résultat : moins transparent que ces collègues, Ron fait souvent rire et parvient à être touchant. Le passage au ministère de la magie sous influence Brazil est rythmé, riche et très inspiré. Et puis il y a cette curieuse séquence animée, audacieuse et très réussie, qui vient donner un peu d’air au récit à un moment où  tout semble sombrer.

Mais en 2 heures et demie, ces quelques bons moments ne suffisent pas pour sauver le film d’un sentiment global d’ennui. On comptera donc sur  la der des der pour sauver le prestige cinématographique d’une saga dont les trois derniers épisodes ont été des déceptions assez formatées. Les pièces sont en place, les sorciers sont chauds bouillants et les baguettes frétillent : tout est prêt pour le feu d’artifice final que Warner Bros Company vous invite à venir contempler l’été prochain en famille ou avec des amis. Enfin avec qui vous voulez tant que vous payez votre payez votre place de ciné…

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22 novembre 2010 1 22 /11 /novembre /2010 08:13

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“The financial industry is a service industry. It should serve others before it serves itself.” Christine Lagarde

 

La tempête déclenchée par la crise financière de 2008 se ressent encore. Nourris par un flot ininterrompu d’informations, de témoignages et de documentaires, nous avons pu prendre conscience depuis qu’il existait un monde parallèle où l’on pouvait vendre ce que l’on ne possédait pas, spéculer à la baisse sur le produit qu’on conseille à son client et se payer des centaines de millions de dollars par an pour le faire. Ou comment une industrie nécessaire au développement économique et à la levée de fonds s’est progressivement transformée en un vase clos totalement hors de contrôle qui a menacé l’équilibre complet du monde. Rien que ça…

Contrairement à Michael Moore qui avait tenté d’apposer à cet événement son style, sans y réussir, le documentariste Charles Ferguson ne cherche pas spécialement à jouer au plus malin mais plutôt faire preuve de pédagogie en expliquant les mécanismes, puis en confrontant un à un  les quelques protagonistes qui ont accepté de se faire interroger. Avec un panel d’interviewés d’une exceptionnelle richesse, le réalisateur déroule donc l’histoire de cette crises en plusieurs parties : comment nous en sommes arrivés là, la bulle du début des années 2000, la crise elle-même et la situation d’aujourd’hui.


Comment sous Reagan et Clinton d’abord, puis chez Bush Jr, les milieux financiers ont été encouragés, puis se sont infiltrés dans la vie politique, et dans les deux grands partis en s’opposant systématiquement à toute forme de nouvelles régulations, et en faisant tomber les barrières déjà établies. Dans un pays où l’impôt et la régulation reste un problème sur le principe pour une partie non négligeable de la population, cela s’est fait sans trop de mal. Un simple exemple : l’homme qui a géré la crise de 2008 en tant que ministre de finances était précédemment Directeur Général de Goldman Sachs, soit un des principaux responsables. C’est dire l’étendue du problème. C’est là  que le film est à la fois passionnant et pertinent : il met des visages et des noms sur les responsables. Cela cesse d’être un  vague problème « à cause des banques » et devient un système organisé, qui a des ramifications partout dans l’administration américaine.

Le documentaire s’avère donc pédagogique, mais aussi parfaitement rigoureux. Ce n’est pas à proprement parler un film pour prendre connaissance du problème : le propos est très rapide, très synthétique et la version originale sur fond blanc n’aide pas beaucoup… plusieurs spectateurs semblent d’ailleurs rester sur le carreau. Ce film s’adresse plutôt à ceux qui connaissent les fondements du système et qui veulent à la fois en comprendre les rouages précis, et surtout voir les principaux acteurs en témoigner.


Ce sont d’ailleurs les séquences les plus incroyables : les mensonges proférés dans aucune gène à l’écran (le réalisateur les contredit preuve à l’appui) par ceux qui étaient censés prévenir la crise et la gérer. Et puis il y a  ces hésitations, bafouillemments, pertes de mémoire subites des lobbyistes qui finissent pas se tourner en ridicule. Tout cela pour nous livrer en fait un véritable thriller : même si le suspens n’est pas là, le rythme, la musique, trépidante, les images d’hélicoptères, tout ce chapelet de bads guys qui préparent leur casse, la police qui les regarde sans rien faire, les autorités complètement dépassées quand elles ne sont pas complices. On se sent plus proche de Die Hard ou de 2012 que des lundis de l’économie. C’était le but.

Rigoureux et intelligent sur le fond, fluide et parfaitement monté sur la forme. Le documentaire de l’année. 

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19 novembre 2010 5 19 /11 /novembre /2010 08:31

Red

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Il n’y a pas qu’en France qu’on souffre du problème des retraites. Aux Etats-Unis aussi depuis le premier épisode de l’Arme Fatale, le débat fait rage sur l’âge de départ et la décote des agents de la force publique. Alors les espions-commandos de la CIA, n’en parlons pas.

Franck est sensé couler une retraite paisible à Cleaveland, mais s’ennuie depuis son départ des forces spéciales (En même temps, y a pas grand-chose à faire à Cleaveland depuis le départ de Lebron James). Il drague par téléphone de manière régulière une standardiste du service des pensions, romance qui se complique un peu le jour où une dizaine de gars cagoulés viennent rendre visite à Franck dans le but évident de le couper en rondelles et de brûler sa maison. Mais à la CIA, retraité ou pas, on est pas des tapettes et Franck va riposter…


D’entrée, le film ne se prend évidemment pas au sérieux. Adapté d’un comic-book, il s’agit d’une comédie d’espionnage à gros moyens et surtout très gros casting. Pas de film d’action sanglant ou de polar noir, on est ici pour se détendre en oubliant ses problèmes de la journée, et en admirant une bande de grabataires censés être particulièrement cools malgré leurs âges avancés. Le réalisateur Robert Schwentke essaie d’emmener le film vers un espèce d’Ocean’s Eleven de la CIA : beaucoup de distance et d’humour, de la musique jazzy très présente et quelques travellings pour fluidifier tout ça. Sans parler de Karl Urban qui fait beaucoup d’efforts pour faire du méchant un clone de Brad Pitt. Mais le réalisateur étant loin de posséder le talent d’un Soderbergh, on en reste surtout à une énième comédie d’espionnage au scénario pas très travaillé, au ton bien politiquement correct et aux surprises assez rares.    


Deux atouts viennent quand même relever le niveau. Le casting d’abord, où tout le monde semble bien s’amuser : Morgan Freeman se déguise en dictateur africain, John Malkovich est payé pour en faire des tonnes et ça tombe bien, c’est quelque chose qu’il maitrise, Helen Mirren manie parfaitement l’aménagement d’intérieur et la mitrailleuse lourde et enfin Bruce Willis n’a jamais perdu cet air décontracté, qu’il se prépare le petit dej où qu’il brise les nuques d’un désagréable commando de la CIA qui vient refaire sa déco.Et puis il faut reconnaître que les scènes d’action filmées façon cartoon, avec profusion de balles et de cascades, sont plutôt rythmées et assez agréables.

Un moment plutôt sympathique, mais aussitôt vu, aussitôt oublié. Leur gros chèques en poche, Malkovich et Mirren vont pouvoir retourner à leurs films d’auteur, Morgan Freeman à l’hospice et Bruce Willis à la recherche d’un film qui relancerait (pour de vrai) sa carrière. (Non, on ne parle pas de The Expendables 2)

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16 novembre 2010 2 16 /11 /novembre /2010 09:51

glee1.jpgLes networks américains trouvent de moins en moins facilement des séries à la fois populaires et originales, dont le succès et le buzz en première saison laisse pressentir plusieurs saisons avec une exposition maximale. Surtout dans un contexte où, au-delà des séries policières, il devient de plus en plus difficiles pour les formats 40  minutes de surnager, même pour les indestructibles House et Desperate housewives.

Glee est un des rares shows qui a déclenché l’enthousiasme l’an dernier. Lancé par la Fox, la série a très vite trouvé son public et continue à ratisser un large, tout en se payant des guests-stars de luxe qui se bousculent pour une apparition. Cette petite note peut vous donner envie de vous plonger dedans.

Attention néanmoins. Cette série se rapproche vraiment des plaisirs coupables évoqués ici. Il faut savoir avant de se lancer que Glee, c’est quand même l’histoire d’une chorale (Glee club) dans un lycée paumé de l’Ohio où le foot américain et les majorettes sont les deux seuls intérêts au départ. Et quand un prof d’espagnol se met en tête de relancer la chorale, il recrute une tribu d’improbables geeks...


 Le nouveau Nip-Tuck ?

glee-2.jpgRyan Murphy, un des créateurs de la série, s’est fait connaitre avant tout par Nip-Tuck, série chirugicale noire, trash et totalement barrée. Le moins que l’on puisse dire, c’est que la transition a l’air d’être violente avec le lycée et ses sympathiques petits étudiants d’Ohio. Pas tant que ça en fait…Comme Nip-Tuck Ryan Murphy ne cherche pas le cliché pour l'effleurer, mais pour se vautrer dedans. Tout ce qu’on a déjà vu dans la ribambelle de films et de séries sur les high schools américaines, on le revoit en mode exagéré, disproportionné, ridiculisé.

La prof de sport n’est pas inquiétante, elle est totalement dingue, limite paranoïaque et ferait passer le sergent instructeur de Full Metal Jacket pour un proche cousin de bambi. 

La pom-pom girl blonde n’est pas un peu idiote ou insignifiante, elle est totalement écervelée et ne montre à peine plus de jugeotte qu’une prise multiple

Le garçon mal dans sa peau ne se pose pas de questions sur sa sexualité. Il est gay. Totalement gay. Version grande folle efféminée qui vénère Lady gaga et qui enchaîne les tenues les plus improbables.

La wannabe-star n’est pas simplement gênante, elle est absolument folle, hyper irritante, totalement branchée sur la célébrité et déclenche la boite à baffes chaque fois qu'elle ouvre la bouche.

 

Et la musique dans tout ça ?

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Mais le centre reste quand même la musique. Là encore, Ryan Murphy a fait un pari, celui d’insérer 3 à 6 ou 7 numéros musicaux par épisodes, chantés par le casting qui revisite allègrement les tubes américains des 50 dernières années. Quand American Pie rencontre American Idol, tout le monde s’y retrouve en allumant la télé. Attendez vous cependant à vous faire ensevelir sous des tonnes de sucre et de caramel tellement la programmation donne la part belle à la pop américaine et aux ballades amoureuses des années 80. 

En même temps, les puristes ne seront pas loin de l’arrêt cardiaque quand cette joyeuse troupe s’attaque à John Lennon ou Aerosmith, mais bon, on fait pas d’omelette sans casser des vieux.

 

Alors pourquoi c’est tellement bon quand même ?

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Parce que le cliché et le sucre peuvent être succulent quand ils sont voulus et assumés, et pas victimes. Et que j’assume totalement le fait qu’on peut apprécier la pop facile et mielleuse balancée avec une chorégraphie nickel.

Parce que au-delà d’une histoire , ce sont les personnages qui font une série  et que ceux-ci sont particulièrement gratinés . C’est quand même plus marrant de passer la soirée avec une tribu de psychopathes, de névrosés, de dérangés, et de pom-pom girls que de regarder Grissom résoudre son énième crime avec un microscope électronique quand même.

Parce que pour tous ceux (y compris les mecs) qui se sont déjà pris pour Bon Jovi en hurlant « It’s my liiiiife » et qui ont eu très honte après savent de quoi je parle…

Parce que c’est drôle, vraiment drôle

Parce que sans trop faire d’analyse capilotractée, la série comporte aussi un sous titrage qui balance sur une jeunesse américaine un peu déboussolée, hautement matérialiste et qui rêve de célébrité depuis le fond de l’Ohio. Et que certains thèmes plus ou moins difficiles sont là et traités comme les autres au bulldozer. Et Ryan Murphy n’arrête jamais son tractopelle, même si il faut faire danser du Beyoncé à une équipe de foot américain ou rythmer un accouchement en catastrophe d’une lycéenne avec Bohemian Rapsodhy.

Alors c’est sucré, gluant, niais, mais au final, ça surpasse parfois en délire et en subversion la plupart des shows diffusés sur les grands channels. Et qu’on est tellement triste quand la saison s’arrête…


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16 novembre 2010 2 16 /11 /novembre /2010 08:22

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La France Giscardienne des années 1970. Héritière d’une usine de parapluie, Suzanne en a laissé les commandes à son mari, pendant qu’elle reste au foyer, fait des joggings et écrit des petits poèmes sur son carnet pour  tromper son ennui. Mais lorsqu’éclate un conflit social violent à l’usine, son mari se retrouve en incapacité de la diriger et elle en devient la patronne. Contre toute attente, tout fonctionne à merveille jusqu’au retour du mari, pressé de reprendre sa place. Mais la potiche est bien en place, grace au soutien du député communiste local, ennemi juré de son mari…


A partir de là, on assiste progressivement à l’explosion d’une famille, qui est d’ailleurs volontairement tirée à gros traits. Cela vient de la comédie de boulevard, et ça se voit, l’auteur ne cherche ni la finesse, ni la profondeur mais bien le burlesque et les grands écarts soulignés. La fille est profondément bourgeoise et pédante, le garçon rebelle de gauche (un vrai bobo avant l’heure), la secrétaire à la fois maitresse et rebelle et enfin le mari un infâme capitaliste irascible. Seule et perdue au milieu de ces clichés volontaires, c’est le personnage de la potiche qui devient patron qui apporte un déséquilibre, un changement, une nuance, et bien sûr, de grands éclats de rire.

Si la partie « femme au foyer » remplit bien ses offices en matière de vannes cinglantes et de piétinement des valeurs d’égalité homme-femme, c’est pour mieux bifurquer vers un authentique film de François Ozon : inclassable, naviguant entre du cinéma très populaire, de la comédie sans oublier un sous titrage ambigu, quand il cherche aussi une résonance avec aujourd’hui en brassant capitalisme sauvage, lutte des classes, parité et filiation.


Ce ne sera donc pas « seulement » le gros délire qu’esquissait la bande annonce mais un curieux mélange de film de société et de comédie populaire, avec quelques bonus. Un bonus gentiment politique quand il met dans la bouche de l’affreux patron les très sarkozystes « travailler plus pour gagner plus » ou « casse toi pauv’ con ». Un bonus romantique quand il recrée une histoire d’amour perdue entre la bourgeoise et l’ouvrier. Un bonus retro avec ses fringues kitch et de la bonne vieille disco surannée. Ce film est donc beaucoup de choses. Peut-être pas blockbuster de la comédie française de qualité mais un ensemble agréable, équilibré, plaisant… à défaut d’être totalement burlesque.

Et puis au final, Ozon est avant tout un merveilleux directeur d’acteur. Le genre qui peut demander à Godreche de jouer la pouffiasse sans qu’elle soit pénible. Le genre qui peut lancer Luchini dans la démesure en restant supportable. Le genre qui arrive à rendre Depardieu touchant et drôle. Et puis il y a Catherine Deneuve. Drôle, sérieuse, poignante, décalée, elle illumine la pellicule du début à la fin. 

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9 novembre 2010 2 09 /11 /novembre /2010 09:27

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Paul a tout pour être un homme comblé. Une belle situation, une femme et deux enfants, une magnifique maison, un futur radieux. Mais son couple bat de l’aile et il se heurte de plus en plus à sa femme, lointaine, irritable, froide. Il la soupçonne d’avoir une aventure. Et ce voisin photographe lui semble rapidement suspect.


Une bien belle surprise. Voilà comment on peut résumer ce que l’on ressent à la sortie de ce film, qui avait pourtant de quoi inquiéter au départ. Une production Europacorp, plutôt connue pour ces films d‘action décervelés ou ses films populaires à clichés que pour ses drames adultes, et le réalisateur du pas du tout mémorable Un ticket pour l’espace (Eric Lartigau). De plus, le thème du riche mal dans sa peau et pas rendu heureux par sa réussite sociale n’est pas d’une grande originalité au premier abord.

A l’arrivée, c’est un film adulte, mature, profond et parfois même très poétique. Il faut dire que Lartigau s’est appuyé sur un très bon bouquin de Douglas Kennedy, qu’il a admirablement transposé en France. L’histoire passe donc du malaise au drame, du drame à la fuite, de la fuite à l’errance pour faire une jolie boucle en fin de parcours. C’est surprenant, inattendu, et très plaisant au global. Lorsqu’on croit avoir deviné la suite, c’est toujours quelque chose d’un peu différent qui se passe. Le film en devient d’ailleurs assez inclassable. Est-ce un thriller, une chronique sociale, un drame, un film d’ambiance ? Sans doute tout cela à la fois tellement le réalisateur passe d’un genre à l’autre avec aisance. Et que celui-ci ne cherche pas à basculer au plus vite dans le drame, et prend le temps d’instiller le doute, la malaise, avant que tout bascule.

(D’ailleurs, pour ceux qui projettent d’aller le voir, je vous recommande pour garder le plaisir du film de vous arrêter là…)


Il a quelque chose de très agréable d’être surpris, de se faire bouger, tout en restant aux prises avec une belle émotion. La description de la décomposition de sa famille est fine car longue, précise et détaillée. Puis il y a cette deuxième partie, loin de tout, qui va permettre au héros de s’accomplir, de devenir ce qu’il a toujours rêvé d’être alors qu’il est privé de tous ceux qu’il aime. De Paris au Monténégro, on avait pas été témoin d’une si belle errance depuis longtemps, accompagnée des magnifiques paysages yougoslaves, la chaleur des habitants et la rudesse des ports et des marins locaux. Et quand il semble retrouver un semblant d’équilibre, c’est son passé qui le rattrape. Comme si s’accomplir ne pouvait passer que par le changement, la fuite, la reconstruction.


Dans un écrin de cette qualité Romain Duris est égal à lui-même : formidable. Mais Lartigau parvient à faire exister de très beaux seconds rôles, en particulier Marina Foïs qui ne cesse de surprendre dans des rôles « sérieux » (c’est une ex-Robain des Bois tout de même) , et Catherine Deneuve qui parvient à être impériale en deux scènes. 

Une mise en scène belle et précise, des acteurs à fleur de peau et des envies de voyages, de surprises, de paysages lointains et de rêves inaccomplis… qui a dit que le cinéma français (y compris populaire) se devait d’être plan-plan pour plaire ?

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8 novembre 2010 1 08 /11 /novembre /2010 08:03

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Le royaume de France est plongé dans les guerres de religions. Les batailles se multiplient, les complots s’ourdissent à la cour du faible roi Charles IX. Ce qui n’empêche pas les nobles de continuer à chercher les alliances à travers des mariages arrangés. Marie, promise au futur Duc de Guise, se voit forcée d’épouser le prince de Montpensier. Mais entre le frère du roi, son instructeur et Henri de Guise, Marie continue à déclencher de l’intérêt, quand ce n’est pas de nouvelles passions. Au grand dam de son mari .


Bertrand Tavernier semble chercher à (re)faire un grand film populaire, à la fois exigeant et accessible, en mêlant un cadre historique très dense avec une intrigue sentimentale qui pourrait être universelle.Pour le cadre, plusieurs personnages et évènements sont authentiques, et le climat de violence et de défiance de cette époque permet de dramatiser à la fois les rapports entre les protagonistes, et de donner une belle toile de fond. La reconstitution est d’ailleurs très réussie, à la fois soignée et réaliste. Pour l’intrigue sentimentale, des mariages, des jalousies, des trahisons et une passion qui semble dévorer chaque homme qui s’approche de trop près de Marie de Montpensier. Mais au global, l’Histoire (avec un grand H) ne sert bien que de cadre, ce sont bien les passions et les haines qui sont au centre du film.


Et Tavernier choisit de les développer sur un rythme tranquille, en prenant le temps d’être parfaitement didactique à chaque scène. Rythme pépère, scènes de bataille à l’esthétique cheap, profusion de références historiques, vocation pédagogique : on aurait pu être dans un téléfilm du dimanche soir sur France Télévision.  Un téléfilm de qualité, mais un téléfilm quand même. Le réalisateur a posé une mise en scène particulièrement sage, calme et peu marquée qu’il déroule sur un film en plus assez long. Quand on voit les deux autres films en français qui étaient compétition à Cannes,(Tournée et Des hommes et des dieux), il y a un fossé dans la qualité cinématographique.


Heureusement, le casting rattrape bien des défauts. Les quatre prétendants sont vraiment formidables, dans des registres très différents. Lambert Wilson est (comme toujours) parfait dans son rôle de vieux chevalier à la passion renaissante. Gaspard Ulliel est un Henri de Guise à la fois dangereux et magnétique. Grégoire Leprince-Ringuet touche dans un rôle tout en nuances de mari trompé. Et Raphaël Personnaz montre qu’il gagne à être connu en rendant le futur Henri III à la fois inquiétant, charmant, passionné. Si le jeu de Mélanie Thierry, sur le fil du rasoir, semble toujours à la limite de la rupture, l’émotion passe, certains héros fascinent et le dénouement à la fois beau et tragique finit de convaincre. 

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