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8 janvier 2009 4 08 /01 /janvier /2009 13:49




On reste franchement dubitatif à la vue du très attendu premier opus de Soderbergh sur Che Guevara. Ce film est l’exemple parfait d’une situation où on ne sait plus trop si le réalisateur a sorti un grand film ou s’est complètement troué : la réponse est probablement à mi-chemin, mais les critiques de presse plutôt tranchées (dans les deux sens) montrent qu’on est franchement tenté de choisir un camp.


Pourtant tout commence normalement : un aller-retour temporel et spatial « traffic style » avec chacun leurs marques de mise en scène propres (noir et blanc chiadé, cadrages rapprochés et allégoriques et caméra très  mobile pour la partie « New York », couleur vives, caméra statique et montage sec pour « Cuba »), la partie New York appuyant l’épopée cubaine par un discours avec du recul, posé et réfléchi. Mais rapidement le récit de la prise de Cuba occupe quasiment tout le temps de bobine et la très grande retenue dont fait preuve Soderbergh dans sa mise en scène n’aide pas à se passionner pour un scénario qui veut surtout nous montrer le Che dans son « travail » de guérillero, qui consiste pour les deux premiers tiers du film à recruter, entraîner et discipliner la bande de traine savates qui vont finir par prendre Cuba. On touche ici aux limites de parti pris très sobre à la fois dans le scénario et la réalisation: s’il ne nous passionne ni par une analyse politique, ni par les dialogues, ni par des images, ni par des scènes marquantes, le film court en permanence le risque de nous perdre en route. Ici, il provoque simplement un ennui poli, bien souvent sauvé par le grand Benicio del Toro, tout en retenue, mais aussi parce que le sujet est suffisamment ancré dans la mythologie du XXème siècle pour que ces images interpellent et laissent une trace.


Même si la vocation première du film n’était pas de renvoyer une lecture historique exacte, on peut aussi regretter que le Che soit représenté ici uniquement comme un idéaliste juste et droit, sans part d’ombre, sans aucun conflit avec Fidel et Raul Castro. Le scénario aurait sûrement gagné en passion et en intérêt, au lieu de n’être que cet objet finalement très froid et lisse, un comble.


Alors devant ce résultat frustrant, on est forcément amené à se demander : Soderbergh a vraiment réussi à faire le film qu’il voulait ou si ce côté expérimental et parfois un peu brouillon est-il la résultante de conditions de tournage impossibles ? Avec 40 jours de tournage pour mettre 4H30 de film en image, on peut se poser la question.

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