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19 avril 2010 1 19 /04 /avril /2010 10:00

EtoileNoire.gif EtoileNoire.gif

 

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Luc Besson l’avait juré craché, il arrêterait de tourner après son dixième long métrage. Manque de chance, on est en déjà au douzième et ce bon vieux Luc ne semble pas vouloir se consacrer exclusivement à son autre activité favorite de producteur, qui consiste soit à lancer à la chaîne des bouses de très haut niveau (voir le récent From Paris with Love), soit à découvrir des petits films indépendants plutôt sympa (I love you Philip Morris par exemple). Cela dit, il ne pouvait que se sentir attiré par cette BD qui mélange la fiction historique et le fantastique en se rapprochant presque de la science fiction. Une journaliste qui essaie de ressusciter une momie tout en essayant de mettre fin aux agissements d’un ptérodactyle sorti fraichement de son œuf, il y avait de quoi passer un bon moment…

Etant étranger à l’œuvre de Tardi, c’est avec une certaine candeur que j’ai découvert cet univers mi-retro, mi-fantastique. Entre le Paris de années 1910 et l’Egypte des tombeaux perdus, on se ballade joyeusement entre Tintin et Indiana Jones, références à l’appui. Les phénomènes fantastiques sont effrayants ou simplement impressionnants et le décalage avec des les décors très réussis de la belle époque fonctionne plutôt bien. Mais en sale gosse qu’il est, Besson n’a pas pu s’empêcher de planter son projet avec quelques mauvaises idées, et une bonne dosse de flemme.

Il a d’abord écrit lui-même le scénario. Besson scénariste, c’est rarement transcendant, Besson dialoguiste, c’est une véritable plaie. Ce n’est ni son métier ni son talent principal, et cela se voit très rapidement. En essayant de se raccrocher à une narration « Amélie Poulain », le réalisateur ne fait que montrer qu’il ne sait plus vraiment raconter des histoires, et celle-ci est finalement assez vide et déséquilibrée, soit par manque d’ambition, soit par manque de travail. Quand au passage obligatoire par le trauma du héros via un membre de sa famille, c’est une fois de plus lourd et sans objet. Résultat, on ne peut pas dire que l’on s’ennuie, mais on laisse passer les évènements avec grande impassibilité, en attendant que quelque chose se passe. Dans ce genre de cas, les seconds rôles sont là pour animer et dynamiser un récit qui s’enlise un peu…encore faut-il qu’ils soient un tant soit peu écrits, et c’est sur ce plan que le film est le plus raté. Il est rare d’assister à un tel sacrifice des seconds rôles : Gilles Lelouche et Jean-Paul Rouve ne font que passer et sont tellement détachés de l’histoire qu’on a l’impression qu’ils jouent dans leur propre film en parallèle. Au lieu de donner du relief et du charme, ils plombent encore un peu plus ce récit décousu. Seul Matthieu Amalric fait un numéro plutôt sympathique,  mais il disparaît tellement rapidement qu’on se demande lui aussi ce qu’il venait faire dans l’intrigue. 

Reste Louise Bourgoin qui assure en fille pète-sec et autoritaire, avec une certaine élégance et un aplomb plus agréable. Bonne idée de casting, bonne idée tout court, elle amène au film ce qui ses partenaires et le scénariste n’est pas parvenu à insuffler : le charme. Pour elle cela peut valoir le coup de s’enfermer deux heures dans une salle, mais pour elle seulement. Qu’on aime ou pas Besson, on devait lui reconnaître au moins une certaine passion et un vrai enthousiasme dans ses projets. Las, l’ex enfant terrible du cinéma français est devenu un businessman pépère qui n’est manifestement plus capable de ne livrer autre chose qu’un film gentiment plaisant, mais trop formaté et pas assez travaillé, et surtout sans le moindre grain de folie. On voit mieux maintenant pourquoi il aurait du s’arrêter à son dixième film…

 

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