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7 mars 2011 1 07 /03 /mars /2011 18:46

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"L'Amérique n'a inventé que deux bonnes choses : le jazz et le western" Clint Eastwood

 

Le western est un genre moribond… depuis trente ans. On a annoncé sa mort de nombreuses fois et il est toujours là, ramené périodiquement à la vie par des auteurs d’un coup génial (Kevin Costner avec Danse avec les loups) ou encore d’immenses cinéastes qui démystifient le genre (Clint Eastwood avec Impitoyable). Le succès phénoménal de True Grit aux Etats-Unis montre à quel point les américains sont attachés à cette part de leur histoire, et tant pis si ce qui est raconté est parfois très loin de la vérité historique. Seule la légende compte.

 

Mattie Ross, 14 ans, vient chercher le corps de son père lâchement abattu avec la ferme intention de retrouver son meurtrier et de le faire pendre. Accompagnée par un marshal alcoolique et un ranger bien loin de son Texas, elle se lance à la poursuite du fuyard à travers le territoires indiens.   

 

Les frères Coen sont revenus à un cinéma très classique. Après avoir faire quelques zigzags et être passés par la comédie potache (Burn after reading), le polar (No Country for old men) et le film juif inclassable (A serious man), les voilà de retour sur les terres su cinéma américain codifié, qui leur avait si bien réussi par le passé.(Les indispensables Miller’s Crossing et The Barber) Le film sera donc moins ambigu, moins complexe et plus classique que leurs précédents opus, mais ils retrouvent à cette occasion une telle verve qu’il serait dommage de se priver de ce plaisir.

Bienvenue dans le Far-West, ses villes pouilleuses, ses outlaws, ses gueules cassées, sa brutalité et la mort qui plane sur chacun à tout moment. Les marshals sont ivres, les desperados sont sans pitié et la place principale sert surtout de théâtre aux pendaisons. C’est dans cet univers bien connu que débarque cet incroyable petit bout de fille, dans des habits trop grand pour elle, et à que tout le monde tente de ramener à la raison, et surtout chez elle. Et pourtant, avec son culot d’enfer, elle semble bien être la seule personne raisonnable dans cet univers masculin et irrationnel. On peut saluer la performance incroyable de la jeune Hailee Steinfeld, qui parvient deux heures durant à tenir le choc face à des comédiens de la trempe de Jeff Bridges et Matt Damon.

 

Le film sera bâti sur les oppositions entre les trois personnages principaux : le marshal rustre et grognon, le ranger taciturne et sérieux, et cette jeune fille. Mais tout semble renversé . A elle les saillies, les répliques percutantes, la raison, le savoir. A eux les attitudes enfantines, les jeux puérils, le découragement et les plaintes.  Porté par un trio d’acteurs extraordinaire, la film se construit une consistance au fur et à mesure que les chasseurs se rapprochent de leur cible. Entre dureté, humour, péripéties, abandons, les frères Coen creusent leur sillon et nous (re)donnent le plaisir des poursuites à cheval, des traversées de rivière et de la chasse aux hors-la-loi. Les coups de feu seront tirés, l’héroïsme attendu arrivera, mais les personnages sont alors tellement ancrés dans le récit qu’on les suit sans hésitation. Jusqu’à cette formidable séquence sous les étoiles, héroïque et tragique, qui remet chacun à sa place et crée la légende. 

Le film est donc brillant, artistiquement parfait (en particulier avec une photo magnifique), et prenant jusqu’à un épilogue qui renoue là encore avec un grand classique des western. Mais décidemment, quand il s’agit des frères Coen, on ne peut que s’en réjouir, le classicisme leur sied si bien…

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