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16 avril 2012 1 16 /04 /avril /2012 06:29

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Quel est l'intérêt de s'acharner à un dézinguer un film dont le seul concept semble parler de lui-même ? Critiquer une adaptation du jeu de touché-coulé, 'est-ce pas tirer sur une ambulance, même si celle-ci se déplace lentement, sur l'eau, et avec suffisamment d'explosifs pour re-couler quelques centaines de fois le Titanic ? Et bien non. Car les bons blockbusters à prendre au second degré, ça existe ! L'excellent dernier épisode de Mission Impossible peut en témoigner, le début de la filmographie de Michael Bay (The Rock, Armageddon) également. Même un gros film bourrin et patriotique comme Battlefield LApeut être appréciable un soir de relaxation neuronale intense. On a le droit d'aimer le films pop-corns, ce qui rend passablement énervé quand on se trouve en présence d'une arnaque aquatique de ce genre.

 

Qui nous emmène à Hawaï le jour où de béliqueux aliens décident de faire une petite visite, en posant leurs vaisseaux dans le Pacifique sous le nez de la Navy américaine en plein exercice. On saluera ici le fait-play des stratèges intergalactiques qui viennent se battre avec la flotte la plus puissante du monde, plutôt que d'atterrir en rade de Toulon et ridiculiser une fois de plus le Charles de Gaulle et Gérard Longuet.

 

Commençons par la partie la moins ratée : les batailles navales. Elles sont plutôt réussies, il faut le reconnaître, les p'tits gars des effets spéciaux ont fait du beau boulot. Mais n'importe quel bourrin peut donner un peu de peps à son film avec quelques ralentis, une bonne programmation musicale (merci AC/DC...) et une équipe compétente derrière les ordinateurs. Il est définitivement plus dur de trouver un rythme adéquat, de mixer plusieurs arcs narratifs et types de personnages, et surtout de faire preuve d'un peu d'humour, indispensable pour faire la pilule d'une machine aussi énorme.

Et là dessus, Battleship est un échec sur toute la ligne, pratiquement un cas d'école de ne qu'il ne faut pas faire, avec sa narration saccadée, avec ses dialogues débilissimes, ses personnages complètement sous-exploités et son montage sonore assourdissant qui fait vraiment souhaiter que le retour des films muets ne se cantonne pas à The Artist.

 

Car si les batailles en mer sont définitivement ce qu'il y a de plus réussies, elles sont étrangement minimalistes, se cantonnant à des affrontements un seul bateau humain contre un ou deux vaisseaux extraterrestres

Si vous cherchez les porte-avions, cuirassiers et sous-marins, ils sont tranquillement en train d'attendre de l'autre côté de la barrière posée par les extra-terrestres. Ce qui arrange bien les affaires de l'amiral Liam Neeson (en voie de Mélenchonisation avancée, à engueuler tout le monde tout le temps) qui ne fait que poireauter sur son siège les trois quarts du film et celles du directeur financier d'Universal qui tient le film dans un budget raisonnable. Entre les deux fois dix minutes de bataille navale promises, le réalisateur Peter Berg va donc dérouler un blockbuster indigeste et complètement hors sujet...

 

...en nous imposant un prologue interminable, qui pose façon Bouygues Construction les bases de toutes les sous-intrigues à venir, les rivalités et les amours. Je mets au défi quiconque de ne pas comprendre instantanément que le japonais et l'américain qui se chamaillent comme des gosses au foot vont finir par être meilleurs potes sur la proue du bateau en canardant des petits hommes verts.

 

...en meublant avec le débarquement à Hawaï d'aliens en armures occupés à rétablir leur antenne téléphonique. On peut d'ailleurs leur décerner la palme des extra-terrestres les plus incapables ayant débarqué chez nous, puisque cette bande de papys asthmatiques n'est pas capables de mettre en déroute un rafiot de la deuxième guerre mondiale, une blondasse et un infirme. Même le gros caillou inerte d'Armagedon avait fait plus de dégâts.

 

...en détruisant Hong Kong avec qui il  manifestement quelques comptes à régler (des dettes de jeu, Pete?) puisqu'il anéantit consciencieusement la moitié de la ville qui n'avait rien demandé, même si cela n'a absolument aucun intérêt, ni aucun enjeu. Comme si ce type de film devait absolument comporter une scène de destruction massive, peut-être une des seules manières qui restent aux américains pour se venger de la sous-évaluation du yuan.

 

Bref, en oubliant totalement son spectateur qui était venu se reposer d'une semaine difficile pour voir des avions, des canons et des sous marins, pas le musée du cliché du film extraterrestre. Le second degré ne se décrète pas, il se met en scène, il s'intègre dans des personnages, dans des dialogues, dans des situations. Et comme la tribu de petits jeunes venus du monde de la série (retrouvez vos héros de Friday Night lights, Entourage, True blood..) déclinent leurs gammes avec le plus grand sérieux pour gagner leurs galons de stars du ciné, l'ensemble est franchement pesant.

Celle qui semble la plus convaincue de tous, c'est curieusement Rihanna qui donne une certaine consistance décalée à son personnage, et qui pourra se vanter d'être la seule à avoir surnagé...

 

Bref, tout cela entretient tristement l'idée que tous les gros films américains se valent, et sont réservés à l'ado yankee dérébré entre un match de foot et une séance de tir. Sur ce coup là, il est hélas difficile d'apporter la preuve du contraire. La saison américaine est (mal) lancée, on a plus qu'à espérer que les Avengers (qui partent avec un bon buzz) feront moins honte à leur pays avant le débarquement des autres gros morceaux de cet été...

 

 




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