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14 janvier 2013 1 14 /01 /janvier /2013 06:59

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Dès le début, Paul Thomas Anderson n'avait jamais cherché la facilité.

Enfant terrible d'une résurrection du Nouvel Hollywood avec ses copains Fincher et Tarantino, il est probablement le seul qui a toujours refusé le compromis avec l'Entertainment américain. Un réalisateur qui cherche toujours le grand film, voire le chef d'œuvre et tant pis si les finances ne suivent pas toujours. Une route parfois chaotique qui avait trouvé une forme d'accomplissement avec There will be blood, film somme célébré parfois comme le plus important long métrage américain de la décennie passée.


D'où cette fébrilité dans le retour du maitre, que tout le monde attend dorénavant au tournant. C'est probablement pourquoi The Master devrait décontenancer une grande partie du public, après avoir surpris la critique. Film mystérieux, énigmatique, souvent difficile, il est indéniablement réservé au spectateur curieux et patient, à celui qui peut se laisser entraîner dans un univers sans forcément comprendre des motivations de l'artiste. Sans aucun doute le film le plus inaccessible de son auteur...

 

Dès les premières images,  on retrouve avec bonheur ce cinéma si familier. Une lumière incroyable, peu de dialogues, des morceaux plus proches du bruitage que de la musique, et une juxtaposition de scènes qui nous raconte une histoire sans nous en donner toutes clés d'entrée. Ces premières minutes sont centrées sur Freddie  (Joaquin Phoenix), sur cette fuite en avant perpétuelle qui va la pousser, presque de manière inévitable dans les bras d'un gourou qui règne de manière débonnaire sur un petit cercle de fidèles. Alcoolique, psychotique et socialement inadaptée, la brebis galeuse se plait sous la protection de ce nouveau maitre qui ne le juge pas, et veut le sauver. Et puis, comment un maitre peut-il survivre quand il n'a plus de serviteurs à qui montrer la voie ?

 

C'est une Amérique d'après guerre que l'on ne voit pas si souvent , celle des charlatans et des fous. Et pourtant, le film n'est pas le brulot anti-scientologie qui avait été annoncé. Si le personnage de Philip Seymour Hoffman peut légitimement être vu comme inspiré de Ron L.Hubbard, c'est avant tout la relation entre les deux hommes qui a passionné Paul Thomas Anderson, qui ne se sert de cette histoire de secte comme l'écrin étincelant d'un affrontement. Scènes extraordinaires, où le temps est en suspension, quand le maitre tente de pénétrer l'esprit de Freddie, de le modeler, de le retourner.

 

Ce Maitre, tellement sûr de son fait, débonnaire et aimant, qui perd pourtant son calme et son flegme dès qu'une vraie contradiction parvient jusqu'à ses oreilles. Dans ce rôle ambivalent et tout en nuances, Philip Seymour Hoffman est extraordinaire de gentillesse pernicieuse, une stabilité qui permet de contrebalancer le jeu parfois borderline d'un Joaquin Phoenix halluciné, tout en tics et lèvres tordues. Le film vit et trouve son équilibre  quand il sont tous les deux devant la caméra... à condition d'accepter de se laisser entraîner, de contempler chaque scène et d'attendre que le cinéaste boucle toutes les boucles lors d'une dernière séquence qui en dit tellement long sur la profondeur la beauté du film.

 

C'est la continuité de cette magnifique fuite en moto où Paul Thomas Anderson nous sort subitement des petites maisons bourgeoises et étriquées pour exploser dans les grands espaces du désert américain... La plus belle scène d'un film parfois impénétrable, mais dont le souvenir halluciné vous hante longtemps encore après avoir quitté la salle. 

 

 

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