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4 octobre 2010 1 04 /10 /octobre /2010 10:18

EtoileNoire.gif EtoileNoire.gif

 

Wall sstreet 2

 

« Someone reminded me I once said “Greed is good” … Now it seems it’s legal”

 

Wall Street contre Oliver Stone, la revanche. Le réalisateur qui fut le plus furieux d’Hollywood avait réussi il y a plus de 20 ans une satire aigre et flamboyante des milieux d’affaires américains à travers le portrait de Gordon Gekko, un trader bordeline personnifiant les dérives d’un capitalisme financier qui commençait à montrer des signes de perte de contrôle. Ce trader finissait par être rattrappé par la patrouille et envoyé en prison. Il ressort 20 ans après alors que la tempête financière du siècle est en train de s’abattre sur Wall Street.


Il y avait ici un incroyable sujet de cinéma, à mi-chemin entre la chronique de société et le roman policier. La chute de ces établissements bancaires et la panique totale qui en a découlé étaient un sujet en or pour Oliver Stone, dans lequel il pouvait parfaitement intégrer son mythique personnage de Gordon Gekko. Pourtant, il choisit inexplicablement de s’en détourner en se concentrant sur une intrigue financiaro-familiale qui s’avère rapidement molle et prévisible. Une grande partie du film est ainsi dédiée aux relations entre Gekko, sa fille et son futur beau-fils. Et même si l’intrigue baigne dans l’univers financier de Wall Street, les fils de l’histoire tiennent avant tout à l’évolution des relations entre les personnages, qui passionnent peu et ne surprennent jamais. A l’arrivée, on assiste à une espèce de chronique familiale un peu longue, au scénario parfois bâclé, sur fond de crise économique sévère. D’où un sentiment de lassitude, voire de déception devant un traitement aussi faiblard d’un sujet potentiellement explosif. Dur de s’expliquer le grand écart entre les promesses de souffre d’un tel projet et le résultat tranquille, calme, presque doux.

 

C’est quand Stone filme la corbeille, la ville de New York et ces soirées de milliardaires qu’il devient mordant, incisif et qu’il retrouve tout ce qui fait son cinéma excessif mais puissant. La fascination du profit, la perte de contrôle de banquiers totalement dépassés, ce monde de riches hermétiques et en dehors des réalités lui permet de montrer qu’il a de beaux restes et qu’il sait encore faire un film de studios. Malheureusement, ces moments sont bien trop furtifs pour tenir l’ensemble et lui donner une cohérence.

Même embarras pour les acteurs qui tentent vainement de porter le film en jouant sur la corde raide. Shia Lebouf n’en a vraiment pas les épaules et Michael Douglas ne retrouve son personnage de requin dangereux qu’à 15 minutes de la fin du film. Trop bref pour marquer durablement la pellicule. Reste Josh Brolin, acteur d’exception, qui crève l’écran en incarnation tout en nuance du mal financier, d’abord triomphant, puis au bord du gouffre. Le vrai héros du film, le nouveau Gordon Gekko, c’est lui.

 

Ce qui est peut-être le plus triste, c’est que les scènes les plus réussies sont celles qui reprennent exactement l’histoire récente, sans rien inventer. Soit la chute de Lehman Brothers, le rachat de Bear Sterns par JP Morgan  et le sauvetage de Goldman Sachs (tous authentiques) vues à travers la panique des marchés et les nuits de négociations à la réserve fédérale. Pour peu qu’on connaisse le sujet, on voit vite que ces moments ne sont pas de simples échos, mais sont quasiment authentiquement rapportés. Ce sont de très loin les scènes les plus fortes du film. Soit la preuve que les meilleurs scénaristes d’Hollywood ne sont plus aujourd’hui en mesure de faire mieux dans le délire, le suspens et la démesure que les dirigeants des principales banques de Wall Street dans la vraie vie. Si le film cherche à alerter sur quelque chose, il y réussit au moins là-dessus…

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