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5 janvier 2015 1 05 /01 /janvier /2015 08:22
Whiplash

 

 

Il a atterri sur nos écrans ce Noël auréolé d’une réputation flatteuse, probablement bien entretenue par un distributeur qui balance les quotes plein l’affiche. Une histoire de maitre et d’élève. Un petit batteur accrocheur qui se retrouve dans l’orbite d’un impitoyable prof sadique, qui va le pousser à bout. Pour son bien, pour la performance, pour la beauté de la musique.

 

Le numéro est assez familier : acceptation, dépression, puis rébellion. Plus le mentor psychopathe pousse le petit gars, plus celui-ci s’enfonce dans sa propre folie jusqu’à exploser. Et nous allons le regarder se faire couper en rondelles avec une part de voyeurisme et de perversité même pas cachée. Avec un certain plaisir, presque, surtout que le grand méchant loup, c’est l’inimitable JK Simmons, grand acteur, impeccable du début à la fin, dans le sadisme et la folie.

Le réalisateur Damien Chazelle ne se démonte pas, et explore son concept en tirant du héros tout ce qu’il compte de larmes, de sueur et de sang, jusqu’à en recouvrir physiquement la batterie. C’est assez fort, suffisamment pour capter l’attention et instaurer une tension à couper ou couteau.

 

Mais ce Full Metal Jacket musical (la comparaison saute aux yeux) n’est pas le coup de poing annoncé. D’abord parce que L’efficacité indéniable de Damien Chazelle derrière la caméra ne parvient pas toujours à cacher ses faiblesses d’écriture (les retards répétés ne sont pas crédibles, les personnages secondaires sous-écrits), et que sa belle mécanique tourne parfois à vide, et en mode « repeat ».

La première mise en route de l’orchestre est parfaitement mise en scène. La deuxième est agréable, avec les mêmes effets. A la dixième, on se lasse quand même un peu. D’autant que le film n’a pas grand-chose à dire passé l’acceptation masochiste de l’élève face au maitre, et l’émulation un peu facile dont ce dernier fait preuve pour motiver les troupes.

 

Beaucoup plus intéressant, ce qui se passe en dehors : un père désemparé, une petite copine insultée, des amis qui disparaissent. Jusqu’à une scène finale assez intéressante, mais que le réalisateur tire inutilement en longueur, comme pour surligner au marqueur les souffrances physiques de son héros-martyr.  

 

 

Alors beaucoup de bruit pour rien, non. Mais ce petit film indé ne ramènera probablement pas des oscars à la pelle comme on a pu le lire il y a quelques semaines. Les Golden Globes l’ont d’ailleurs oublié (à l’exception de JK Simmons).Pas sûr qu’on s’en souvienne si longtemps…

 

 

 

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Car JC Chandor, en plus d’être un scénariste doué, est également un réalisateur passionnant. Par son utilisation des décors naturels d’un New-York qui semble maintenant préhistorique, par la précision chirurgicale de sa mise en scène, par ses incroyables scènes d’intérieur (avec une lumière sublime), le réalisateur réussit un film d’une élégance rare. 

 

Un réalisateur ambitieux, une intrigue tordue, une lumière fascinante, de très grands acteurs. Une certaine vision du classicisme américain qui fait plaisir à voir. 

 

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commentaires

F
Salut mec,<br /> <br /> Je viens de lire ton commentaire sur allociné et captivé par ton dédain devant ce film je ne peux m'empêcher d'y répondre.<br /> J'ai lu attentivement ton argumentaire et je le trouve clairement faible. Il me faut y répondre car je pense clairement que tu n'a pas saisi l'essence de ce film. <br /> Premier point le numéro que tu trouves assez familier. Familier avec quel film ? Peu de film traitent du Jazz et peuvent à ce point prétendre à une démonstration de la pureté de cette musique. Peu de film si ce n'est Bird de clint eastwood retransmette également les sacrifices qu'obligent cette musique. Ce film intrinsèquement insiste sur la volonté. Le dépassement de soi à la manière d'un sportif l'esprit de revanche la volonté d'y arriver et la force de caractère. Ensuite tu trouves que la relation entres les personnages secondaires est intéressante. Là j'ai la preuve que tu es complétement passé à coté de ce film. Ce n'est pas le propos on s'en fout clairement. Damien Chazelle a su recentré son récit sur uniquement deux personnages Andrew et Fletcher le reste ne compte plus ces relations n'ont clairement pas lieu d'être et n'ont aucun intérêt. Ce n'est pas le sujet du film. Voilà j'éspère que le débat est ouvert en tout cas et que nous pourrons continuer d'en débattre. Merci à toi ..
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D
Dédain, c'est un peu fort quand même. <br /> Keep cool, hein<br /> J'aime bien le film, je le trouve un peu faible par rapport à ce que j'attendais<br /> <br /> Quand je parle de familier, c'est pour la relation maitre elève un peu maso, qui est quand même un sujet très classique. Pas que ce soit forcément un mal, d'ailleurs. Mais c'est classique<br /> <br /> Et justement, je trouve que la relation maitre élève n'est pas très intéressante, trop facile, trop simpliste. Spectaculaire oui, mais ni fine, ni passionante. Ca m'interesse pas beaucoup.<br /> <br /> Chazelle a clairement tenté d'éluder les personnages secondaires (là dessus on est d'accord), je trouve juste que ce n'est pas une idée. Parce que là, les relations sont plus intéressantes.