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30 juin 2009 2 30 /06 /juin /2009 13:33




Le film de scandale politico-financier vécu à travers une enquête de presse est un genre prestigieux dans le cinéma américain, d’abord parce que ‘il a été magnifié par des auteurs reconnus (Paluka, Pollack et plus récemment Michael Mann), ensuite parce que l’histoire récente des Etats-Unis a donné beaucoup de grain à moudre sur ces sujets, de l’inévitable Watergate à l’affaire Enron en passant par les plus récents scandales des marchés de l’armée en Irak. C’est de ce sujet précis que Kevin McDonalds se saisit, en n’essayant même pas de se cacher ou de faire dans l’insinuation : on parle clairement ici de l’affaire Blackwater, ce sous-traitant de l’armée américaine qui a fini par posséder sa propre armée au Moyen-Orient, et qui a été impliqué dans des contrats qui se comptent en milliards de dollars… et des massacres de civils. On y rajoute un scandale sexuel, à l’image des nombreux qu'on a eu l'occasion de voir ces derniers temps (avec excuses publiques et femmes outragées)
Dans le fond, rien n’a changé depuis les années 70 : les journalistes sont toujours courageux, fouineurs, à la limite de l’illégalité, et n’ont toujours découvert ni les coiffeurs ni les périodes de soldes. Les flics avancent toujours avec un train de retard malgré leur bonne volonté. Et les politiciens ne sont jamais complètement innocents, quand ils ne sont pas totalement pourris. Sur la forme rien n’a changé non plus : le réalisateur connaît bien ses classiques et ne cherche jamais à transcender le genre, juste à nous proposer une photocopie des grands films d’investigation passés : une mise en scène élégante, peu de lumière, le parallèle entre le faste du congrès et des lieux de rendez-vous plus crasseux les uns que les autres et évident les monuments de la capitale américaine en arrière plan. Rien de nouveau sous le soleil donc, mais un scénario suffisamment bien construit pour tenir le spectateur dans l’histoire et une vision intéressante du métier et du rôle de la presse, dont la fonction consiste parfois à aller plus vite que la police avec des moyens forcément différents. « It’s not a story ! It’s a case ! » rappelle le lieutenant à ces troublants journalistes, dont on ne sait plus trop si la chasse aux scoops ne tient pas de la pathologie, qui les détache de toutes les conséquences de leurs actions, et leur faire perdre de vue qu’ils ne sont pas au dessus de tout. Le jeu en vaut-il la chandelle ? Le film a l’intelligence de ne pas répondre directement à la question.

Si la partie « presse » est suffisamment fine et intelligente, la partie « politique » est moins réussie, plus manichéenne, et ramène beaucoup de choses vers des scandales privés au lieu de prendre une focale plus large. L’interprétation est au diapason : alors que Russel Crowe est une fois de plus impeccable,  Ben Affleck est beaucoup trop tendre pour ce rôle ambigu de politicien à la limite de la rupture (on ne peut trop lui en vouloir, il a remplacé au pied levé Edward Norton, acteur d’une autre trempe)

Jeux de Pouvoir n’est donc pas un chef d’œuvre de la trempe de Révélations ou Les hommes du Président, mais reste un bon thriller vintage et intelligent, qui ose en plus un générique de fin de très grande classe.

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