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Sur les hauteurs de Los Angeles, on a peut de rien. Et certainement pas de faire du neuf avec du vieux pour concurrencer le tsunami de suites et de films en 3D prévu pour cet été. Etant entendu que ce sont dans les (très) vieux pots qu'on fait les meilleures soupes, Hollywood nous propose donc deux remakes du conte de Blanche Neige pour cette année 2012. Après la ressucée "Julia Roberts", voici donc la version "Seigneur des Anneaux" avec de très gros moyens sur la table. Un budget maousse et, pour se donner la touche blockbuster, deux habitués de l'exercice dans les rôles éponymes : Kirsten Stewart qui a rangé ses crocs de vampires, et Chris Hemsworth qui a juste eu le temps de changer de costume après les Avengers. En prime, Charlize Theron en méchante, qui a l'air de ne pas avoir très bien récupéré de ses récentes aventures spatiales.
Un royaume donc, une princesse, un roi veuf qui se remarie un peu trop vite, mais on le comprend puisque c'est avec l'égérie de Dior quand même. Une princesse qui va se perde dans la forêt et qui doit recruter pour récupérer sa couronne. Ce qu'elle réussit avec une surprenante facilité en enrôlant un chasseur, des nains et un boyfriend esseulé. Et évidemment, une pomme.
Difficile de nous surprendre avec un conte que l'on connaît par cœur. Et comme tout à chacun connaît l'histoire malgré quelques détours, le réalisateur avance avec la ferme intention de ne nous en mettre plein la vue avec un univers héroïc-fantasy bariolé et visuellement très chargé. Tentative louable dans le monde du blockbuster souvent trop formaté. Louable, mais hélas loin d'être réussie. Que ce soit la forêt sombre ou la forêt enchantée, une seule conclusion s'impose : on ne sait pas sous quelle drogue a carburé l'équipe artistique mais ça a l'air sacrément puissant. Résolument décalé du dessin animé, cette version 2012 se veut sombre, violente et noire, pour toucher un public ado bercé au biberon du Seigneur des Anneaux, pas pour que les parents puissent faire avec leurs bambins la sortie ciné annuelle. Une orientation incarnée dans les (désormais habituels) efforts de Charlize Theron pour se rendre désagréable. Mais elle trouve rarement le ton juste pour jouer ce personnage de sorcière, en permanence à cheval sur le premier et le second degré
Ce qui est aussi un des défauts du film dans son ensemble, qui se prend hélas beaucoup trop au sérieux et ne cherche pas assez la fantaisie, même si le débarquement des 7 nains à la moitié du film donne un petit peu d'air à l'ensemble. Ils sont joués pour la plupart par de grands acteurs assez méconnaissables, ce qui donne une idée des moyens considérables du projet.
Mais il aurait fallu beaucoup de talent et des partis pris plus marqués pour nous ré-intéresser à cette histoire, ou alors un souffle épique et héroïque qu'on ne verra que par intermittences lors de la dernière partie du film... très loin de Game of Thrones par exemple, avec qui la comparaison fait très mal. Coincé par son budget et ses stars, on sent que le réalisateur abdique souvent en recouvrant son film d'une épaisse couche d'effets visuels, qui servent de cache misère à des personnages finalement assez plats, et à un "scénario' sans surprise aucune.
Qu'un producteur soit capable de rassembler 170 millions de dollars sur un projet pareil donne la mesure d'une certaine misère scénaristique dans l'industrie de l'entertainment américaine. Néanmoins, et grâce à un effet de curiosité, le film a toutes les chances de briller chez nous, puisqu'il sort dans un désert programmatique par ailleurs assez curieux pour un mois de juin, en espérant que Sacha Baron Cohen et son dictateur vienne secouer tout ça la semaine prochaine. Et pour ceux qui ne veulent pas attendre ou qui veulent passer une soirée avec Charlize Theron, retournez voir Prometheus.
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