En fin de deuxième d’exploitation, Intouchables pointe à plus de 5 millions de spectateurs. Par comparaison avec des films en fin de carrière, c’est plus que Pirates des Caraïbes (4,5), bientôt à la hauteur de Potter (6,5M) et surtout beaucoup plus que tous les membres du musée des horreurs de la comédie française 2011 qui se situent entre 1 et 1,5 millions d’entrées (les 2 guerres des boutons , les immondes Tuche, l’élève Ducobu et Bienvenue à bord).
D’autant plus incroyable que dans le même temps, Tintin marche très fort (5M aussi), Polisse également (bientôt à 2M, grosse performance) ainsi que The Artist dans une moindre mesure. Cela donne au global un box office octobre-novembre absolument euphorique !
Ce qui est vraiment notable, c’est une augmentation de salles et de fréquentation en deuxième semaine. C’est très rare pour un film à grosse distribution, signe d’un phénomène particulier qui arrive de temps en temps pour les films « phénomènes ». Sauf effet de vacances scolaires, la plupart des « gros » films dévissent en deuxième semaine, le plus souvent de 25% pour ceux qui ont le meilleur rapport à 70/80% pour certains (dont Tintin par exemple, qui avait fait le plein dès la première semaine). C’est dire si le bouche à oreille fonctionne à fond, bien accompagné par une couverture média de plus en plus intensive, surfant sur une succes-story hyper vendable en ce temps de crise. Si Libé cherche à se démarquer en se lançant dans l’aigreur dix jours après les Inrockuptibles, c’est définitivement bon signe !
Les exploitants y croient beaucoup : salles combles, files d’attentes interminables, taux de satisfaction stratosphérique (on parle de 99%), tout leur rappelle un certain voyage dans le Chnord nommé Bienvenue chez les chtis qui reste LA référence du succès populaire sur les écrans de ces dernières années. Alors, Intouchables va-t-il réitérer la performance de Dany Boon ? Pas évident
Si on regarde de près, le film de Dany Boon pointait déjà à 9 millions d’entrées en fin de deuxième semaine (pour finir à un peu plus de 20 en fin d’exploitation, à quelques encablures de Titanic). C’est quasiment deux fois plus, et même si la combinaison de salles des Intouchables grossit, il semble compliqué de rattraper le retard. Surtout vu que Novembre et Décembre sont très chargés en terme de programmation, là où Dany Boon avait un boulevard sur Janvier – Avril.
Mais notre improbable duo a un avantage : il est distribué sur un nombre de salles plus réduit (environ 600) que la plupart des mastodontes habituels (700 à 950) ce qui lui laisse une marge de manoeuvre. Si la couverture médias et le bouche à oreille continuent, on ne sait jamais jusqu'ou cela pourrait aller…d’autant que les chtis étaient sur une pente descendante (douce) dès leur deuxième semaine ce qui n’est pas le cas ici.
Ce qui va être déterminant, c’est si le film parvient à se maintenir dans une combinaison de salles acceptable pour les vacances de Noël (dans 6 semaines quand même…), et là, il pourrait faire un malheur en tapant dans le créneau « film sympa qu’on va voir en famille ».
Si on fait un coup de boule de cristal, je me risquerai à dire, en fin d’exploitation :
- 8 millions semble déjà dans la poche, ce qui en ferait de toutes façons le plus gros succès de l’année
- 10 millions semble très probable, à moins d’un effondrement rapide
- 12 millions semble possible si ça résiste jusqu’à Noël et aux vacances, ce qui le ferait rentrer dans le top 20 historique
- 14 millions d’entrées (et le top 10 historique) semble atteignable, c’est le score d’Asterix et Cléopatre qui était déjà à 7 millions en fin de 2ème semaine (mais avec beaucoup plus de salles)
Au delà, ce n’est pas impossible mais ce serait exceptionnel au vu du démarrage. Exceptionnel mais pas impossible, le dernier film à avoir fait une très bonne première semaine, sans être monstrueuse (2 millions d'entrées), avant de se maintenir les semaines suivantes et de s'envoler vers les sommets s'appelait... Titanic
Sans considérer que l’on est présence du chef d’œuvre de l’année, on ne peut que se réjouir qu’un petit film plutôt bien foutu parvienne à trouver un public large en mettant aux oubliettes les comédies moisies dont on a été gratifié jusqu’ici, et sans faire de l’ombre à un cinéma plus exigeant.
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