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27 avril 2010 2 27 /04 /avril /2010 08:23

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mammuth

 

Les rigolos de Groland font toujours rire beaucoup de monde à la télé mais ils parviennent petit à petit à faire leur place dans le monde des auteurs reconnus du cinéma. Après le très applaudi Louise Michel, Mammuth se permet à la fois de rassembler un casting 5 étoiles (Depardieu, Adjani, Poelvorde, Mougladis, Moreau, ouf) et de s’offrir une sélection en compétition au festival de Berlin. On est pas encore à Cannes, mais on s’en rapproche. Pas mal pour deux zozos qui se sont longtemps cantonnés au gags subversifs et trash, et qui montrent film après film qu’ils ont au moins autant de chose à dire sur grand écran que sur le petit.


Un jeune retraité se rend compte qu’il n’a pas tous les justificatifs pour toucher sa retraite à taux plein et décide de prendre la route pour retrouver tous ces « papelards » sur sa vieille moto. Même si sa mémoire ne le trahit pas, les personnes et les entreprises ne sont plus toutes là, et les rencontres le long de la route peuvent être surprenantes.


Ce qui frappe en premier lieu, c’est cette image et cette manière de filmer assez rude, presque documentaire. Caméra à l’épaule, grain accentué de la pellicule, les réalisateurs refusent toute facilité ou tout classicisme pour plonger de manière directe le spectateur dans un monde rude et abrupt.  On pense pêle-mêle à Rosetta des frères Dardenne, mais aussi au Wrestler d’Aronofsky (pensée accentuée par la carrure et la crinière blonde de Depardieu). Ce n’est pas un hasard, Mammuth se revendique d’un certain cinéma plus social qu’engagé. On peut appeler ça comme on veut : la France d’en bas, les petites gens, les ploucs, mais c’est bien à un road movie dans cet univers qu’on nous convie. Celui des forains, des caissières de supermarché, des hôtels Formule 1 minables et des routards sans le sou. La scène d’ouverture qui voit le départ du héros de son abattoir après 10 ans de bons et loyaux services est une parfaite mise dans le bain : c’est à la fois kitsch, triste et presque irréel. Le ton est donné avec les longs silences qui rythment le récit : la solitude, l’ennui, le manque de passion d’un homme qui a travaillé toute sa vie sans trop savoir pourquoi. Et quand le trauma originel fait son apparition, c’est au travers une vision fantomatique mais aussi tendre qu’apaisante. On magnifie cette misère personnelle et affective en la rendant belle et tragique, sans être misérabiliste pour autant : au fur et à mesure des rencontres, le film multiplie les scènes drôles, tendres et décalées. Et puis on ne renonce pas si facilement aux marques de fabrique, les réalisateurs ne nous épargneront pas la scène trash made in Groland (vraiment immonde pour le coup)


Cet ensemble un peu hétérogène en apparence trouve une grande cohérence au travers de la présence continue de Gérard Depardieu. Loin des gros films bouffons auxquels il nous avait habitué ces derniers temps, il se laisse filmer comme un être paumé, vulnérable et terriblement attendrissant. A l’image de Mickey Rourke l’an dernier, il prouve à tout le monde que c’est parfois dans le plus misérable des habits que surgissent les performances les plus fortes et les plus poignantes. 

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26 avril 2010 1 26 /04 /avril /2010 09:17

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Les super-héros tiennent une place à part aux Etats-Unis, en tant que mythologie d’un pays qui n’a que 3 siècles d’histoire derrière lui. Le cinéma s’est jeté dessus avec avidité ces 20 dernières années, pour le meilleur (The dark knight, X-Men 2, Spiderman, …) et parfois pour le pire (les 4 fantastiques, Batman 4, Spirit,..). L’avantage du film de super-héros (et donc souvent insipré d’un comic-book) est qu’il laisse  le champ libre à toutes sortes de variations, en partant du vrai film sérieux jusqu’à la comédie potache en passant par les brulots cyniques. Kick-ass affichait comme ambition de relire cet univers et en l’ancrant dans le monde réel, avec quelques atouts de son côté : un réalisateur estimé (Matthew Vaughn) dont le principal fait d’armes est d’avoir refusé de réaliser X-Men 3 pour ne pas ruiner la franchise, un casting de petits jeun’s qui n’en veulent et le parrainage d’un Nicolas Cage trop content de venir jouer le baby-sitter.

Prévendu comme un film quasiment culte, le film se révèle être un moment agréable, plaisant, mais finalement assez loin du grand délire espéré, ou encore d’une relecture complète des films de supers héros. Tout commence pourtant comme prévu : le pauvre Dave, ado poussif et pas spécialement sportif, va s’inventer un personnage en costume chargé de redresser les torts. En plus de s’attirer quelques ennuis, il va devenir une star sur Youtube et sentir une grosse pression sur ses épaules quand la ville entière attend de lui qu’il soit le nouveau Batman. Mais c’est là que la bât blesse : gênés par le manque de capacités de leur protagoniste, les scénaristes font basculer le film dans la deuxième partie dans … le film de super-héros pur et simple. Il n’aura fallu que trois quarts d’heure pour acter les limites des boutonneux qui se prennent pour Spiderman, alors on en revient aux bonnes vieilles méthodes avec des combats chorégraphiés, un gros méchant d’opérette, de la poudre et du sang.

Et si cette partie est plutôt réussie, ce n’est pas grâce à Kick-ass mais surtout grâce à l’arrivée de deux acolytes aussi cinglés qu’inattendus que sont un père de famille et sa fille de 11 ans, qui flinguent et trucident les bads guys à grande échelle. A partir de là, on assiste au programme classique, surtout relevé par cette exceptionnelle petite gamine haute comme trois pommes qui flingue, égorge, bastonne un escadron d’hommes de main avec le sourire. En plus d’être extrêmement cru et violent, c’est souvent drôle, un peu subversif,  assez gênant, et plutôt bien mis en image même si les références sont un peu appuyés (Tarantino, Cameron mais aussi le bâtiment des méchants ressemble à s’y méprendre au QG des Mr Smith de Matrix). De ce mélange finalement pas très ambitieux, mais assez fun, on retiendra quelques scènes mémorables :  un père qui s’entraîne à tirer à l’arme à feu sur sa fille, deux ados qui copulent hardiment dans les poubelles et une séance de maniement de bazooka en intérieur qui tourne mal…En somme, pas de quoi refaire le monde des super-héros, mais suffisamment de mauvais esprit pour passer un moment agréable. 

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20 avril 2010 2 20 /04 /avril /2010 14:10

 

Une fois n’est pas coutume, je fais un petit détour par le monde des séries. Ce n’est pas un scoop, la qualité de la production télévisuelle des 15 dernières années a parfois rattrapé voir dépassé celle du grand écran.

Vous trouverez de tout dans la sélection ci-dessous, des chef d’œuvre ambitieux et difficiles, des soap faciles mais tellement bons, des vieilles, des neuves, du grand public et du moins grand…Mais n’hésitez surtout pas, elles méritent toutes le détour…

 

the-wire-pic-4.1242586842-copie-1   La plus culte : The Wire (Sur Ecoute)                     5 saisons (achevé)

L’Everest de la série télévisée pour beaucoup. Une œuvre d’une puissance et d’une perfection rarement atteinte, probablement le meilleur ce qu’on peut attendre d’une série. Arrêtée par HBO après 5 saisons, elle restera LA référence d’une certain type de séries ultra-ambitieuses, qui n’a pas peur d’attendre beaucoup de son téléspectateur : l’histoire est lente, les personnages multiples et difficiles  à cerner, le décor de la ville de Baltimore est à l’opposé du glamour et de la classe hollywoodienne. Mais on se prend à aimer ces personnages à fleur de peau, ce rythme nonchalant et cette incroyable ville de Baltimore, et on ne peut vite plus décrocher. Chaque fin de saison accompagnée d’un morceau de musique est une merveille. Un peu série policière, un peu étude de société, un peu drame noir et tragique, The Wire est sans doute la meilleure série au monde, pour un bout de temps. 

 


 

the-shield-s07e01.jpg      La plus badass : The Shield                                                               7 saisons (achevé)

Une série policière diffusée sur le câble peut se permettre d’être cure, violente et réaliste. L’intrigue se déroule dans un quartier imaginaire de Los Angeles miné par des guerres de gans sans fin. L’équipe de choc qui est sensé maintenir l’ordre s’avère à peine plus vertueuse que les malfrats qu’elle poursuit. The Shield joue sur cette ambigüité, en y ajoutant des intrigues politiques et mafieuses, jusqu’à que le spectateur ne sache plus vraiment plus à quel sein se vouer. Hypernerveuse, filmée caméra à l’épaule avec un rythme totalement effréné, la série a réussi à conserver le long de ses 7 saisons une exigence très forte, et à créer une flopée inoubliable de personnages, le légendaire Vic Mackey en tête. 

 



      profit_01.jpg   La plus old school : Profit

1 saison (achevé)

Une série des années 1990 qui avait juste comme inconvénient d’avoir 15 ans d’avance sur son temps... Elle raconte l’irrésistible ascension d’un golden boy dans une grande firme américaine où le sport national consiste à se débarrasser de toute personne plus gradée que soi. Plus barré que tous ces collègues, le petit nouveau Jim Profit est un psychopathe en puissance mais cela ne gêne pas du tout sa carrière, bien au contraire. Portrait au vitriol d’une Amérique des 80’s qui donnait les clés de la maison à de dangereux malades, la série a été arrêtée sec après la première saison, les diffuseurs ayant été épouvantés par un cynisme poussé à l’extrême et une perversion de tous les instants. 15 ans après, à part une esthétique douteuse, la série n’a pas pris une ride et reste une des toutes meilleures productions réalisées sur le monde de l'entreprise. 

 

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19 avril 2010 1 19 /04 /avril /2010 10:00

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Luc Besson l’avait juré craché, il arrêterait de tourner après son dixième long métrage. Manque de chance, on est en déjà au douzième et ce bon vieux Luc ne semble pas vouloir se consacrer exclusivement à son autre activité favorite de producteur, qui consiste soit à lancer à la chaîne des bouses de très haut niveau (voir le récent From Paris with Love), soit à découvrir des petits films indépendants plutôt sympa (I love you Philip Morris par exemple). Cela dit, il ne pouvait que se sentir attiré par cette BD qui mélange la fiction historique et le fantastique en se rapprochant presque de la science fiction. Une journaliste qui essaie de ressusciter une momie tout en essayant de mettre fin aux agissements d’un ptérodactyle sorti fraichement de son œuf, il y avait de quoi passer un bon moment…

Etant étranger à l’œuvre de Tardi, c’est avec une certaine candeur que j’ai découvert cet univers mi-retro, mi-fantastique. Entre le Paris de années 1910 et l’Egypte des tombeaux perdus, on se ballade joyeusement entre Tintin et Indiana Jones, références à l’appui. Les phénomènes fantastiques sont effrayants ou simplement impressionnants et le décalage avec des les décors très réussis de la belle époque fonctionne plutôt bien. Mais en sale gosse qu’il est, Besson n’a pas pu s’empêcher de planter son projet avec quelques mauvaises idées, et une bonne dosse de flemme.

Il a d’abord écrit lui-même le scénario. Besson scénariste, c’est rarement transcendant, Besson dialoguiste, c’est une véritable plaie. Ce n’est ni son métier ni son talent principal, et cela se voit très rapidement. En essayant de se raccrocher à une narration « Amélie Poulain », le réalisateur ne fait que montrer qu’il ne sait plus vraiment raconter des histoires, et celle-ci est finalement assez vide et déséquilibrée, soit par manque d’ambition, soit par manque de travail. Quand au passage obligatoire par le trauma du héros via un membre de sa famille, c’est une fois de plus lourd et sans objet. Résultat, on ne peut pas dire que l’on s’ennuie, mais on laisse passer les évènements avec grande impassibilité, en attendant que quelque chose se passe. Dans ce genre de cas, les seconds rôles sont là pour animer et dynamiser un récit qui s’enlise un peu…encore faut-il qu’ils soient un tant soit peu écrits, et c’est sur ce plan que le film est le plus raté. Il est rare d’assister à un tel sacrifice des seconds rôles : Gilles Lelouche et Jean-Paul Rouve ne font que passer et sont tellement détachés de l’histoire qu’on a l’impression qu’ils jouent dans leur propre film en parallèle. Au lieu de donner du relief et du charme, ils plombent encore un peu plus ce récit décousu. Seul Matthieu Amalric fait un numéro plutôt sympathique,  mais il disparaît tellement rapidement qu’on se demande lui aussi ce qu’il venait faire dans l’intrigue. 

Reste Louise Bourgoin qui assure en fille pète-sec et autoritaire, avec une certaine élégance et un aplomb plus agréable. Bonne idée de casting, bonne idée tout court, elle amène au film ce qui ses partenaires et le scénariste n’est pas parvenu à insuffler : le charme. Pour elle cela peut valoir le coup de s’enfermer deux heures dans une salle, mais pour elle seulement. Qu’on aime ou pas Besson, on devait lui reconnaître au moins une certaine passion et un vrai enthousiasme dans ses projets. Las, l’ex enfant terrible du cinéma français est devenu un businessman pépère qui n’est manifestement plus capable de ne livrer autre chose qu’un film gentiment plaisant, mais trop formaté et pas assez travaillé, et surtout sans le moindre grain de folie. On voit mieux maintenant pourquoi il aurait du s’arrêter à son dixième film…

 

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16 avril 2010 5 16 /04 /avril /2010 10:03

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Un film de plus sur l’Irak. La guerre n’est même pas finie que la production américaine compte déjà nombre de films sur le conflit. Qu’il s’agisse de charges antimilitaristes, de brulots sociétaires ou d’expériences filmiques, ils ont un point commun : celui de s’être royalement planté au box-office. Si l’Amérique possède les créateurs les plus vifs du monde, capables de produire des films sur des sujets très douloureux avec un recul minimum, elle n’a pas forcément le public qui suit. Et le four de ce Green Zone, malgré l’équipe de choc rassemblée, ne risque pas de faire pencher la balance dans l’autre sens…

 

Le commandant Roy Miller dirige une unité dont le job est de retrouver les fameuses WMD (Weapon of Mass Destruction) juste après la fin des combats en Irak. Mais l’information semble provenir de sources peu fiables et chaque site potentiel visité est vide. Miller commence à poser à haute voix les questions que personne ne veut entendre. Y-avait-il vraiment des armes de destruction massive ? Qui est cette source ? Questions auxquelles l’administrateur américain dépêché sur place ne semble pas pressé de répondre.

 

Matt Damon, le réalisateur Paul Greengrass, un film d’action speedé, il est difficile de ne pas voir dans ce Green Zone une resucée de Jason Bourne, dont les deux derniers opus (très réussis d’ailleurs) ont été livrés par cette équipe. Et on retrouve tout ce qui en a fait le succès : un personnage hard-boiled droit dans ses bottes, une réalisation fluide et très efficace, un montage d’enfer, un rythme parfaitement maitrisé. Le réalisateur sait utiliser tous les décors reconstitués de la ville de Bagdad, mélange improbable d’architecture dictatoriale, d’hôtels riches et de petites rues de la zone « rouge » . Le décalage est violente entre la zone verte, piscines, CIA, journalistes et manigances et la zone rouge : des civils livrés à eux-mêmes au milieu du chaos ambiant.  On suit donc avec une tension permanente la quête de Matt Damon pour trouver les armes de destruction massive entre le QG de la CIA, les faubourgs de Bagdad et les usines désespérément vides. Les scènes d’action s’enchaînent, et Paul Greengrass déploie avec sa maestria habituelle quelques courses poursuites impressionnantes, confirmant son statut de meilleur action-man actuel . De plus, l’histoire est claire et bien amenée, les acteurs sont épatants, les décors parfaits, bref, du très très bon boulot.

 

Problème, le spectateur (européen) connaît déjà les enjeux, les questions, les réponses et les responsables. Que ce soit l’aveuglement de la presse américaine (qui a fait son mea culpa depuis), les manipulations pas très propres de l’administration Bush ou les maladresses du nouveau gouvernement mis en place, on ne peut pas dire que l’on soit surpris à aucun moment du film. Pas de mystères, pas d’enjeux dramatiques, on sait comment cela commence et on se doute de comment cela se finit. Même si on doit reconnaître que la violence de la charge en référence à des événements très récents est assez gonflée, on a du mal à vraiment s’intéresser au sous titrage politique de l’affaire, pas vraiment aidés par des personnages très typés « action-movie ». Le vieux renard de la CIA , le soldat invincible, la jolie journaliste et l’ordure bureaucrate, on ne peut pas dire que le scénariste se soit beaucoup torturé pour donner un semblant de complexité à l’affaire. Bizarrement, on en revient à la comparaison avec la trilogie Bourne. Un pur film d’action sans ambition politique affichée, mais qui avec ses agents doubles, son refus du manichéisme, ses personnages ambivalents et son décor international  semblait en dire finalement beaucoup plus 

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15 avril 2010 4 15 /04 /avril /2010 08:12

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Le cinéma israélien est décidemment dans une forme olympique. Après Valse avec Bashir, et plus récemment l’excellent Lebanon, Ajami arrive sur nos écrans auréolé d’une réputation flatteuse et d’une nomination à l’oscar du meilleur film étranger. Il faut dire que le film se risque dans un genre plutôt inattendu pour une production israélienne, en se décalant des films de guerre ou des chroniques de société (les deux spécialités locales) pour se concentrer sur un film noir, presque un polar, plus proche de Scorsese, de Tarantino voire des séries américaines branchées que des images que l’on nous donne habituellement à voir.

Et cela jusque dans l’histoire et les thèmes abordés : le crime, la drogue, la violence, les règlements de compte dans la ville de Jaffa, banlieue de Tel Aviv où cohabitent juifs, arabes et chrétiens. Plusieurs histoires s’entremêlent, se croisent, de près ou de loin, tout en devenant au fil de l’intrigue de plus en plus liées. Il y a ce jeune adulte qui tente désespérément d’échapper à une vendetta familiale déclenchée par son oncle. Il y a cet adolescent dont la mère est gravement malade et qui cherche de l’argent pour la sauver. Il y a ce policier dont le frère soldat est porté disparu et qu’il commence à croire mort.

De ces trois histoires, les réalisateurs ont tiré une chronique âpre, dure et très réaliste de la vie à Jaffa et des relations inter-communautés, en magnifiant cette histoire de violence et de gangsters au travers de ces lieux et de ses habitants. Entre les différentes communautés, on peut trouver de la haine, de la violence, mais aussi parfois une surprenante entraide et une attention particulière aux coutumes des autres. Comme cette scène surréaliste de négociation où un juge pas très officiel arbitre la paiement d’une vengeance en donnant raison à celui qui crie le plus fort. Le fait d'associer un réalisateur arabe et un réalisateur juif au projet n'y est sûrement pas étranger. 

Malgré tout, le film est difficile. Multiplicité des personnages, des lieux, des langues, densité et complexité du scénario, la richesse de l’œuvre peut parfois la rendre un peu hermétique, et demande un maximum d’attention pour ne pas se sentir à l’extérieur. Mais c’est pour mieux envelopper le tout dans un style documentaire très actuel, avec un montage sec et des cadrages serrés sans pour autant être brouillon.  Comme pour encadrer tout ce qui s'est passé, le film commence et finit par un drame : ces scènes violentes d’une puissance et d’une sécheresse assez incroyable, et font l’effet d’un direct à l’estomac. Au final, c’est avec une vraie virtuosité de mise en scène que le film nous emmène vers le dénouement, ce qui est d’autant plus louable que le film avait des moyens très limités. Ce n'est pas un film accessible, mais il mérite vraiment qu'on s'y arrête. 

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12 avril 2010 1 12 /04 /avril /2010 09:06

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Tous les ans, quand le printemps revient, les gros blockbusters lourds font de même. Pour éviter l’embouteillage de l’été où deux à trois de ces mastodontes sortent simultanément, certains distributeurs préfèrent lancer leur champion quelques semaines avant où la concurrence est moins rude. Mais contrairement à une idée répandue, tous les gros films d’action bourrins américains ne se valent pas dans la médiocrité. Ils ont en commun un scénario simpliste, un manichéisme prononcé et un soucis du réalisme très relatif, mais peuvent être des vrais bons moments de détente et de plaisir, pour peu qu’ils ne soient pas réalisés n’importe comment. Au final comme les chasseurs. Il y a les bons et les mauvais. 

C’est pas le fol amour entre les hommes et leurs dieux. Zeus, Hadès et compagnie en ont ras la casquette de ces ingrats qui ne les vénèrent plus assez et qui veulent prendre leur indépendance. Ils leur envoient donc  des régiments de monstres abominables pour foutre le bordel sur Terre, jusqu’à que ça se calme. Pris entre deux feux, le demi-dieu Persée va à son tour se révolter contre les dieux, et on va voir ce qu’on va voir.

Louis Leterrier, réalisateur français estampillé « Luc Besson school » avait séduit avec Hulk, sa première expérience américaine. Avec une crédibilité renforcée, et sûrement un peu plus d’arrogance, il s’est retrouvé aux commandes d’un deuxième poids lourd, avec stars et gros budgets à l’appui. Malheureusement pour lui, son film fait à l'arrivée beaucoup rire. Même si l'on se doute qu’il est difficile de tout prendre au premier degré, le chef décorateur a manifestement complètement perdu les pédales, et chaque présentation de décor ou de personnage se noie dans les rires de la salle.

 Il faut dire qu’entre Zeus qui ressemble à un chevalier du zodiaque avec une improbable armure argentée et les djins qui sont  à la limite du droïde de la guerres des étoiles, on a du mal à s’y retrouver. Sans compter que les rois grecs portent les mêmes costumes que les romains dans Astérix et Obélix et que les décors en image de synthèse sont d’un kitch redoutable qui fait très mal aux yeux, la palme revenant à l’Olympe qui ressemble à un hamam Center Parcs. Quand l’épée de Persée se met à ressembler à un sabre laser de jedi, on se dit quand même que balancer des références à la tonne comme ça sans se soucier de son histoire, c’est proche du foutage de gueule. Le clou du spectacle est quand même l’irruption dans le champ d’un personnage qui se présente comme un grand guerrier et qui est incarné par … Mouloud, du Grand Journal. Heureusement que le ridicule ne tue pas…

Touché assez profond dans sa crédibilité, le film ne se compensera pas cette direction artistique catastrophique par autre chose : les scènes d’actions pré-vendues (le scorpion géant, le kraken) ne font pas spécialement d’étincelles, sauf peut-être la visite dans l’antre de la méduse, qui est le seul moment un peu trépidant et original. C’est bien peu pour un film qui a l’ambition de divertir, et qui est surtout d’un vide intersidéral entre chacune des « grosses scènes », le réalisateur se contenant d’étaler sa palette d’image de synthèse et de suivre des discussions bien plates, et sans aucun enjeu. Les deux très grands acteurs (Liam Neeson et Ralph Fiennes) convoqués pour l'occasion pour jouer Zeus et Hadès en font le minimum en attendant de toucher leur chèque et retourner à une activité normale. Et en terme de rythme, on en vient presque à regretter des films encore plus décérébrés mais un peu plus punchy comme Transformers ou Gi-Joe, c'est dire...

Ce qui est le plus décevant au final, c’est que l’on assiste même pas au très grand nanar qui pouvait être préssenti à la vue de cette première heure, juste à un film d’action mou du genou et qui cache sa très grande vacuité par des couches et des couches d’effets spéciaux. La saison américaine est lancée, il n’y a plus qu’à espérer qu’Iron Man 2 remontera le niveau. 

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6 avril 2010 2 06 /04 /avril /2010 09:02

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Un vieux médecin qui souhaite se rapprocher de son passé militant décide d’accueillir une famille de sans-papiers chez lui. Sa famille est partagée entre l’admiration (pour la fille), la méfiance (la belle-fille) et le désintérêt (le fils). Mais à la place de la famille nombreuse africaine attendue, c’est une moldave et sa fille qui débarquent…et le père tombe vite sous le charme. 

On ne peut pas reprocher à Anne Le Ny d’avoir choisi la facilité pour son deuxième long métrage, il semble même qu’elle ait visé un inconfort permanent. Le film peut être dérangeant, met mal à l’aise, questionne nos certitudes, notre vision de l’immigration, au-delà de tout angélisme. Car l’immigrée moldave s’avère être raciste, ambitieuse, et sans scrupules. Le personnage du père nous renvoie alors les questions qui font mal « Qu’est ce que vous feriez à sa place ? » « Vous ne chercheriez pas à sortir votre fille de la misère par tous les moyens ? ».  Sur ce point là, l’objectif est atteint : on se questionne, on hésite, on change d’avis, on comprend que tout n’est pas aussi simple que ce qu’on voudrait nous faire croire, dans un sens ou dans l’autre.

Et heureusement, car la chronique familiale qui occupe quand même une bonne partie du film est beaucoup moins originale et beaucoup plus indigeste. La psychanalyse accélérée de la fille aînée et la résolution de ses problèmes œdipiens dans la luxure professionnelle en particulier est d’une rare lourdeur. Le portrait de femme idolâtrant son père le faisant tomber de son pied d’estale est vraiment  lourd, tiré à gros traits et rapidement insupportable. Il faudrait vraiment que Karin Viard sorte de ces rôles de bonne fille qui se découvre un penchant rebelle, parce qu’on se rapproche dangereusement de l’overdose. Et on ne finit par ne voir plus qu’elle à l’écran, comme si la réalisatrice, embêtée par toutes les ramifications de son brûlot politique, avait préféré se rabattre sur un énième film familial sur des enfants qui ont des problèmes avec leur père. Heureusement que Fabrice Luchini joue juste. Moins présent à l’écran, il est drôle, cynique, incisif, sans en faire des tonnes comme parfois.

Au final, Anne Le Ny a ouvert un certain nombre de portes qu’elle a beaucoup de mal à refermer. Le film s’allonge, patine, et la chronique familiale finit par prendre toute la place pour devenir une grande thérapie dans la tradition bien française, avec la fille qui finit par comprendre que son père n’est qu’un homme, et un fils qui l’accepte comme tel. On doit reconnaître que l’ensemble est intriguant, que les questions soulevées sont désagréables et non complaisantes. Mais le sentiment général de manipulation pas très saine du spectateur et la grande pauvreté cinématographique de pans entier du film laisse un goût assez amer  

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30 mars 2010 2 30 /03 /mars /2010 04:52
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Zinos, jeune restaurateur à Hambourg, subit en quelques jours une pluie ininterrompue d’emmerdes qui vont l’emmener au bord de la crise de nerfs. Le fisc et les services d’hygiène menacent son restaurant, son dos est totalement bloqué, sa copine part à Shangaï pour y travailler et un promoteur devient franchement insistant quant au rachat de son établissement.
La loi de l’emmerdement maximum est un ressort comique qui fait mouche à chaque coup pour peu qu’il soit traité avec suffisamment de rythme et de talent. Et du talent, le film en regorge. On n’attendait pas le réalisateur germano-turc Fatih Akin dans le registre de la comédie : auteur de films « sérieux », durs et profonds, on ne pouvait imaginer qu’il serait si à l’aise dans le burlesque. Cela ne l’empêche pas de rester dans son univers, celui des immigrés turcs, dans une Allemagne populaire et un peu prolo, mais il ne s’y cantonne pas. Le film croise continuellement des univers et des influences différentes, un vrai film du XXIème siècle en somme.

Les ressorts de l’histoire ne sont pas spécialement originaux ou élaborés, mais c’est pour mieux se concentrer sur une incroyable galerie de personnages hauts en couleurs. Il y a Zinos le héros, vague cousin allemand de Zach Braff, qui n’abandonne jamais alors que tout s’écroule autour de lui. Il y a cette serveuse complètement allumée mais au charme irrésistible. Il y a le frangin taulard et ses deux potes bras cassés d’une bêtise insondable, mais tellement attachants. Il y a ce médecin turc à qui on ne confierait pas un poisson rouge en phase terminale. Il y a ce vieux squatteur bourru qui envoie balader tout le monde, mais que personne n’ose virer. Tous ces personnages sont drôles, attachants, délirants, et servis par des dialogues merveilleusement écrits et des situations complètement absurdes. Mais la palme revient quand même à l’inénarrable chef cuisiner psychopathe, adepte du lancer de couteau en cuisine, de pyromanie aggravée quand ce n’est pas d’empoisonnement, et qui ne se gêne pas pour aller hurler couteau à la main sur les clients quand ces derniers se plaignent du menu

Et puis il y a un avantage certain quand un grand réalisateur se met à la comédie, c’est qu’il met son talent de metteur en scène au service du film. Montage, caméra, direction d’acteurs, musique, tout est aussi virtuose que d’habitude, mais dirigé vers la joie, l’humour et la tendresse, dans le cadre d’une histoire qui ne prêterait pas forcément à rire. Le réalisateur sait faire des merveilles avec des toutes petites choses : c’est cette cuisine crasseuse qui se transforme en un haut lieu de création gastronomique, c’est ce bar miteux qui s’avère être le lieu parfait pour répéter avec ses potes, c’est cette ville grise et triste de Hambourg qui en devient presque sympathique …même les aliments surgelés les plus industriels peuvent devenir des plats sophistiqués sous la caméra de Fatih Akin.

Au final, le film est beaucoup de choses : une comédie très drôle, une aventure humaine, un chouette croisement de cultures, mais aussi la célébration d’un mode de vie un peu moins mercantile, où la fraternité et l’ambiance dans vieux bar pourri où l’on bouffe bien valent tous les endroits du monde. Pour tout cela, le film dégage une force et une vitalité totalement irrésistibles…et offre une alternative drôle, colorée et enrichissante à ceux qui veulent s’évader pendant deux heures plutôt que de subir une programmation bien formatée ces temps-ci. Courez-y... 

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29 mars 2010 1 29 /03 /mars /2010 08:09
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Tim Burton + Lewis Caroll. Ces deux là semblaient faits pour se rencontrer : deux mondes plein de fantastique, de poésie, et habités par nombre de personnages totalement décalés. Pour le coup, l’histoire développée par le réalisateur est sensiblement différente de celle connue par tous : Alice, à 19 ans, et empêtrée dans un futur mariage dont elle ne veut pas, retombe dans le trou au pied de l’arbre et retrouve un Neverland toujours aussi fou, mais où la reine rouge a pris le pouvoir et terrorise les habitants. Le chapelier, le lapin blanc et les autres comptent sur Alice pour remettre de l’ordre dans tout ça. Mais elle ne se souvient de rien…

Vendu donc comme un nouveau film du duo Tim Burton-Johnny Depp, Alice s’avère être une petite arnaque. Pas un vol complet, mais quand même une tromperie sur la marchandise. Car c’est surtout au nouveau blockbuster de Disney que l’on nous convie. Disney, qui au-delà de ses dessins animés, est le principal producteur de gros films sucrés et gentils,(High School muscial, Benjamin Gates, Pirates de Caraïbes, Le Monde de Narnia, ...).  Disney, son public familial, son amour du travail du bien fait, bien propre et son goût immodéré pour les films inoffensifs.

Pour le travail bien fait, on peut reconnaître aux petits gars de Disney une sacrée performance en terme d’effets spéciaux et de décors. Rien ne manque au monde fantastique de Lewis Caroll, pas un brin d’herbe, pas un pli aux costumes numériques, et l’ensemble du bestiaire de Neverland est tout à fait réussi. Le chat, en particulier, est vraiment épatant, ainsi que les vilaines bêbetes de le reine rouge. De même, la motion capture marche très bien pour faire vivre à l’écran des personnages en image de synthèse, mais qui n’ont jamais semblé aussi réels. Du super bon boulot.

Et tant mieux, car du scénario au personnages, en passant par le rythme, tout le reste est convenu et lisse, ce qui est quand même un comble pour un film de Tim Burton. Rarement à l’aise avec les trop grosses machines hollywoodiennes (remember le très nul Planète des singes), le réalisateur semble s’effacer derrière son film et le dérouler tranquillement sans y coller sa marque, et surtout avec un contrôle permanent qui ne rend jamais justice à l’inventivité et la poésie de l’œuvre originale. On regarde poliment tout cela sans jamais se sentir trop concerné, ou émerveillé. Bref, tout cela est sage, très sage, trop sage. Disney a mangé Burton. Et quand Johnny Depp commence à  se lâcher en exécutant une danse débile et totalement incongrue cela ne dure que quelques secondes avant que l’on retourne fissa à une fin poussive et gnangan « Disney style ».

Quelques raisons de se déplacer quand même ? La 3D qui fait toujours son petit effet, la reine rouge à la tête atrophiée (seul personnage franchement déconnant)  et la plaisir de croiser Johnny Depp même si son rôle est plutôt sacrifié. Suffisant pour passer un moment gentiment sympathique, très loin de ce qu’on pouvait attendre. Au final, le film est à l’image de son héroïne : très beau mais très froid, sans vie, sans délire, sans poésie, un film qui fera le bonheur des enfants, risque d’ennuyer les adultes et de décevoir franchement les fans (qui, au vu du succès monstrueux du film dans le monde entier, ont du soucis à se faire pour la suite)

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