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17 juin 2011 5 17 /06 /juin /2011 10:29

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« Mais pourquoi tu t’es marié au fait ? » « Ben, comme tout le monde… pour faire plaisir à ma femme »

 

A l’approche de son mariage, l’homme est laissé seul face à sa nature enfantine et se retrouve pris de doutes et de convulsions incontrôlables qui l’amènent à faire à peu près n’importe quoi, c’est bien connu…enfin surtout au cinéma, en fait. C’est à peu près ce qui se passe pour un futur jeune marié qui a beaucoup de mal à gérer à la fois sa très créative future belle famille, ses potes qui dépriment, sa mère qui part en live et accessoirement sa fiancée qui a une certaine tendance à disparaître de manière impromptue.


Plutôt que de sacrifier à la grande tradition du mariage catastrophe et de la comédie lourde, le film se concentre sur les quelques jours avant ledit mariage avec ton doux-amer, parfois tendre, parfois triste, souvent cynique et désinvolte. Un ton qui semble avoir été conçu pour son interprète principal : Benjamin Biolay est en effet tout cela à la fois et le rend parfaitement à l’écran, traînant sa mélancolie entre tous les appartements des membres de sa famille, les bars de Paris et des lits qui ne sont parfois pas les siens. Et il en a des raisons de se faire des nœuds au cerveau : personne ne peut trouver sa fiancée, sa belle famille lui prépare le mariage du siècle avec défilé d’animaux en prime, et pour couronner le tout, sa mère et ses sœurs règlent allègrement leurs vingt dernières années de conflit en sa présence. De quoi devenir fou.


C’est là que le film est intéressant, dans cet entre-deux entre la nonchalance du héros et l’agitation parfois hystérique qui se crée autour de lui. Ce décalage donne lieu à des scènes parfois cocasses, voir très drôles, d’autant que la galerie de personnages est plutôt réussie, avec une mention particulière pour la sœur (Emmanuelle Devos, qui mériterait une fois de plus un paragraphe entier rien que pour elle, elle est gé-niale !) et son compagnon qui a une manière bien à lui de parler à sa fille adolescente. 


Mais il ne suffit pas de jeter au milieu de la pièce tous ces cinglés autour de notre marié pour faire un film. Et même si le glissement progressif du héros est intéressant, le film souffre d’un manque de maitrise et de liant qui lui donne un faux rythme dans sa deuxième partie. Tout cela devient lent, morcelé, et cette construction éclatée qui pouvait faire le charme du film finit par le desservir. Rien de bien étonnant de la part d’une réalisatrice dont c’est le premier long métrage : si son passé d’actrice lui confère un talent certain dans la direction d’acteurs, sa mise en scène n’est pas encore au point et risque de perdre pas mal de monde en route sur la très longue dernière demi-heure d'un film, qui, au final, mérite quand même un détour... à moins que vous ayez prévu de vous marier cet été...


 

 

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15 juin 2011 3 15 /06 /juin /2011 09:45

 

Les mastodontes

Budgets pharaoniques, effets spéciaux à gogo, franchises déjà rentables ou nouvelles plein d'espoir

 

 


transformers-3-copie-1.jpg   Transformers de Michael Bay (29 juin)


Après un deuxième épisode catastrophique, l’empereur des bourrins Michael Bay a promis que le troisième épisode serait plus réussi, plus jouissif, plus délirant. Moins de blabla post-pubère et plus de rythme, de discours patriotiques et de destruction massive urbaine. Et au vu des premières images à base de gros plans sur les visages burinés, de gratte-ciels qui s’effondrent, ça a l’air plutôt bien parti, même si certains auront du mal à se remettre du départ de Megan Fox, pourtant avantageusement remplacée. Une seule question : le fisc américain serait-il à ce point gourmand que Frances McDormand et John Malkovich aient besoin d’aller se fourvoyer dans ce genre de produit pour payer leurs impôts ?

 

 

 


VIDEO-Harry-Potter-7-la-video-de-l-affrontement-final-entre   Harry Potter et les reliques de la mort partie 2  de David Yates (13 juillet)   

 

Pour ceux qui n’en ont pas encore marre, la Warner vous invite à payer votre dernier ticket (avec le supplément 3D) pour assister à la fin d’une des franchises les plus lucratives de l’histoire. Après une première partie assez plate (mais respectant le livre), le combat final devrait être rythmé et spectaculaire, et vous êtes cordialement invités à en profiter parce que normalement, c’est la der des der…enfin, jusqu’au reboot de la franchise bien sûr, que le studio lancera pour « donner une nouvelle vision de l’œuvre aux fans » . Y sont sympas quand même chez Warner !

 

 

 


dossier-film-green-lantern-texte.jpg    Green lantern de Martin Campbell (10 aout)

 

Quasiment inconnu en France, le comic-book a davantage de fans aux Etats-Unis, et devait logiquement rejoindre la cohorte d’adaptations de la maison DC Comics. Le studio a choisi de mettre toutes les chances de son côté en confiant le bébé à un réalisateur confirmé de films estivaux (Martin Campbell, Casino Royale / Zorro / Goldeneye) et en recrutant le très photogénique Ryan Reynolds. On jugera sur pièces mais les premières bandes-annonces piquent tellement les yeux qu’on se demande bien comment on va parvenir à prendre tout cela au sérieux…

 

 

 

 

chris-evans-captain-america-the-first-avenger-entertainment.jpg   Captain America de Joe Johnson (17 aout)

 

Gros enjeux aux Etats-Unis pour cette nouvelle franchise qui est sensée être la porte vers le futur film Avengers (en tournage), dans lequel viendront s’ajouter Iron Man, Thor, Hulk et tous les personnages de l’univers Marvel. Là encore, prise de risque minimale avec un vieux routier aux commandes, et un casting mêlant ptits jeun’s pas désagréables à regarder et des seconds rôles dont on pressent qu’ils vont faire la gueule pendant tout le film (Tommy Lee Jones et Hugo Weaving). Tout ça pour nous conter la belle histoire d’un frêle soldat qu’une expérience scientifique va transformer en musclor… God bless America !  

 

 

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14 juin 2011 2 14 /06 /juin /2011 08:55

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Un jeune écrivain qui est en train de transformer doucement mais surement en clochard découvre une pilule qui lui permet d’utiliser son cerveau à 100% et de rendre son esprit plus profond, plus rapide et plus vif que n’importe qui sur la planète. Il monte alors tous les échelons de manière spectaculaire, mais un tel pouvoir a un prix…(évidemment)

 

Le principe n’est pas nouveau, mais il est quand même furieusement actuel. A une époque où la maitrise d’une information pléthorique et insaisissable est plus que jamais un challenge, Hollywood recycle les mythes les plus anciens et les plus classiques pour les relire à sa sauce. Le mélange est curieux car le film fait écho à la fois aux exemples les plus âgés (le mythe de Faust) et les plus récents (la série Chuck par exemple), sans spécialement chercher à s’en écarter. Cela donne une première partie pas désagréable, mais hautement  prévisible où l’on retrouve absolument toutes les scènes prévues, y compris le fait que tout cela semble particulièrement inquiétant. Le spectateur a bien compris que toute cette histoire était louche mais pas le protagoniste qui fonce tête baissée vers les emmerdes…

 

La suite s’avérera parfois un peu décalée (on ose pas dire surprenante), mais le scénario qui se densifie un peu plus est gâché par une réalisation plus tape à l’œil tu meurs, qui multiplie les emprunts éhontés (le film de chevet du réalisateur semble définitivement être Fight Club) et qui finit par fatiguer par tant d’effets artificiels qui tentent surtout de meubler la vacuité des personnages et des situations. D’autant que certains passages donnent franchement le mal de mer (prévoyez les gerby-bags). A part ça, le film nous pousse tranquillement vers la sortie en se prenant curieusement au sérieux, alors que rien ne l’y dispose, ni Bradley Cooper qui semble trainer sa gueule de bois depuis Bangkok, ni Robert De Niro qui vient jouer le vieux singe à qui on apprend pas à faire des grimaces mais qui va s’en mordre des doigts quand même.

A l’arrivée,  un ensemble pas fondamentalement nul, mais qui ne renouvelle pas grand-chose et qui envoie le réalisateur Neil Burger dans la catégorie des photocopieurs. 

 

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13 juin 2011 1 13 /06 /juin /2011 18:09

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Un divorce en Iran. Elle veut partir à l’étranger profitant du visa qu’elle a mis des années à obtenir, il ne se résoud pas à abandonner son père malade. Elle veut emmener leur fille avec elle, il refuse de la laisser partir. Elle quitte le domicile conjugal, il prend une aide à la maison. Mais le vieil homme n’a plus toute sa tête et s’avère plus difficile que prévu. Le drame couve...

 

La première scène, magistrale, donne le ton du film. Deux époux en plein conflit, sans que l’on sente la haine ou le mépris habituel de ce type de situation. Deux raisonnements rationnels et compréhensibles, plein de passion, et un juge invisible qui les renvoie dos à dos en leur demandant de continuer à vivre leur vie, car il serait bien en peine de leur dire qui a raison ou tort. C’est la grande subtilité du film et aussi sa grande force : ce qui est terrible, c’est que chacun a ses raisons. L’enchevêtrement et le choc entre tous ces destins se fait parfois de manière brutale et violente, mais sans que le spectateur puisse prendre parti facilement, ou puisse discerner de manière frontale ce qui est juste et ce qui ne l’est pas. Le père de famille reste sur ses positions, droit dans ses bottes et sur de son fait. La mère cherche à arrondir les angles, à trouver une aspérité sur laquelle s’appuyer, car elle ne semble pas vouloir quitter cet homme. La femme de ménage, perdue, victime ou bourreau, semble dépassée par ce qui lui arrive. Et son propre mari n’est plus qu’une boule de douleur, de rage et de violence.

 

En exploitant une simple situation de départ et un seul événement, le scénario brode donc patiemment un implacable canevas et nous emmène du fait divers vers le polar, le film sociétal et drame familial avec un brio incomparable. Le film est jalonné de scènes d’échanges, qui commencent souvent en discussions calmes pour partir vers une explosion des conflits. Et le spectateur ne décroche jamais, happé par ces tranches de vies pourtant presque banales, mais incroyablement prenantes.  De fait, le film repose beaucoup sur ses acteurs, qui sont tous exceptionnels. Mais au-delà d’une direction d’acteurs extraordinaire, la mise en scène elle-même est d’une grande intelligence, que ce soit quand on pressent le drame à travers ces bribes de tension presque imperceptibles, ou quand le réalisateur enferme sa caméra dans le bureau exigu du juge. Ou quand elle traîne inlassablement dans cet appartement et surtout son pied de porte.

 

C’est aussi un regard incroyablement moderne et inédit sur cette société iranienne à un tournant. Une société où, comme partout ailleurs, les classes et les niveaux sociaux semblent édicter des règles tacites. Une société encore profondément religieuse, au moins dans les classes les plus populaires, et où les interdits sont légions. Scène incroyable où la femme de ménage appelle une hotline pour être absolument sure que laver le vieil homme n’est pas considéré comme un pêché.

Et au final, c’est l’universalité du propos qui surprend. C’est l’histoire toute simple d’un homme et d’une femme qui s’aiment et pourtant se séparent…Jusqu’à cette cloison finale qui semble tout figer. Il s’est tant passé de choses à travers des murs et des portes. 

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12 juin 2011 7 12 /06 /juin /2011 14:49

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Un vol low-cost De Djerba à Beauvais est annulé alors que tous les passagers sont déjà dans l’avion. Excédés par l’attente dans la fournaise, ils décident de prendre l’avion en otage avec le soutien d’une hôtesse de l’air et d’un pilote à la retraite qui propose de reprendre du service.


Dès les premières scènes, alors que l’avion est sensé partir, le film s’arrête successivement sur chacun des personnages qui semblent incarner chacun une caricature d’un vacancier low cost : l’homme d’affaire qui prend ce vol à contrecœur, l’ouvrier, le flic, le jeune mal dans sa peau, le mec bizarre, etc…Bienvenue dans un « film de beaufs » façon Les Bronzés, où la spectateur est invité à s'enfermer dans un avion pendant une heure et demie. De quoi prendre peur... Et effectivement, en cherchant à créer une grande aventure loufoque à partir d’un fait divers, le réalisateur-scénariste se perd en route et ne tire par le meilleur de bande d’excités.

Pourtant, l’ex Robin des bois Maurice Barthelemy touche quelque chose quand il décrit les effets de foule et les comportements exécrables des consommateurs primaires. Tous ceux qui se sont déjà retrouvés dans ce genre de situation peuvent témoigner que le trait est à peine grossi. En plus, on nous gratifie de plusieurs personnages décalés et de quelques running gags suffisamment barrés pour rendre cette galère parfois assez amusante, en particulier grâce au talent de Jean-Paul Rouve qui ne parvient pas à régler ses problèmes existentiels avec les nains. 

 

Mais derrière la bonne idée de sketch, le film n’a pas le scénario ou alors le talent pour tenir la distance, malgré les allers-retours permanents entre une multitude de personnages, et les péripéties de plus en plus irréelles de cet avion perdu. Là où le film pourrait complètement exploser et sortir des rails, il semble presque timide…Et le parti pris de ne jamais sortir de l’intérieur de l’avion finit par complètement étouffer ce (très très) long film qui vient laborieusement ajouter son wagon au train des comédies françaises qui disposent d'une bonne idée, mais de personne pour la développer correctement...

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5 juin 2011 7 05 /06 /juin /2011 20:32

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Après le succès public et surtout critique de son faux biopic de Serge Gainsbourg, Joann Sfar qui n’a décidemment pas peur des défis, se risque dans l’animation en adaptant sa propre BD…4 ans de boulot, une 3D pour le moins curieuse, et beaucoup d’attentes dans un domaine où le métier français est plutôt reconnu, même si le production des blockbusters reste plutôt du côté américain.

Alger, les années 20. Le rabbin ne sait plus où donner de la tête entre sa fille qui grandit trop vite et son chat qui se retrouve doué de paroles, et qui décide d’organiser sa propre bar-mitzvah. D’autant que l’animal se met en tête de soulever des questions théologiques poussées, ce qui ne le rend pas populaire auprès des autres rabbins de la ville.


Ne connaissant pas la BD en question, je n’avais pas d’attentes particulières pour ce film. Le résultat est curieux, déséquilibré, parfois un peu hors sujet sans pour autant être complètement raté. Tout commence par quelques très bonnes idées : avoir gardé un dessin simple et agréable d’abord, avec un beau travail sur les couleurs, une forme de simplicité et de profondeur qui donne un côté artisanal et léger à la chose. Faire parler ce chat étonnant ensuite, qui pose les questions les plus incongrues et qui s’avère être un vrai personnage de cinéma. Et puis surtout avoir l’idée parfaite pour le casting vocal, un certain François Morel. Avec sa gouaille et son agilité, il est absolument parfait.


Drôle et efficace au début, le film ne tient malheureusement pas la distance. Entre de trop longues digressions et une quête quasi mystique, l’histoire patine. Dès que l’on s’éloigne du chat pour se consacrer aux autres personnages, c’est le désert. Malgré plusieurs gugusses plutôt séduisants sur le papier (le russe, l’explorateur, le rabbin grincheux), la mayonnaise ne prend jamais dans la deuxième partie, en particulier lors quête à l’autre bout de l’Afrique où l’on se perd dans l’interprétation religieuse et le symbolisme lourdingue. Et les dialogues incisifs et drôles du début se perdent parfois dans une philosophie de bas étage assez désagréable.

Un manque d’équilibre et de densité narrative qui était déjà au cœur de son premier film et qui confirme que Sfar a un œil, un talent visuel certain et une sensibilité d’artiste. Mais qu’il ferait beaucoup mieux de faire écrire ses scénarios et ses dialogues par quelqu’un d’autre…

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2 juin 2011 4 02 /06 /juin /2011 17:15

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La saga X-Men continue. Entre les suites, les spin-offs, et les reboots, pas facile pour le profane de s’y retrouver. Après avoir épuisé une première fois le filon, la Warner relance la machine en mettant aux commandes le prometteur Matthew Vaughn, le réalisateur du plutôt réussi Kick-Ass et accessoirement connu pour avoir refusé de réaliser l’opus numéro 3. Si a accepté de reprendre la franchise, c’est parce qu’il a disposé d’une plus grande liberté cette fois-ci. Et ça se voit.

Années 60, la guette froide bat son plein. Alors que les premiers mutants commencent à comprendre qu’ils sont à l’aube d’une grande évolution, un riche et étrange personnage se met en tête de déclencher une guerre nucléaire entre le USA et l’URSS. La CIA appelle alors quelques mutants à la rescousse, dont un certain Charles Xavier

 

Le style a changé, c’est évident. Loin des excès technologiques et de la modernité recherchée de la première trilogie, Matthew Vaughn tire pleinement le potentiel d’une histoire sensée se dérouler il y a 50 ans, à l’âge d’or de l’espionnage, des méchants russes et d’une certaine nonchalance américaine. Et la greffe prend parfaitement : en naviguant entre James Bond (pour l’industriel cinglé qui veut la fin du monde) et John Le Carré (pour les arcanes de la CIA), mais sans jamais tourner le dos à la mythologie forcément fantastique des X-Men, le film offre un spectacle réjouissant à la fois rétro et parfaitement respectueux d’une histoire centrée sur la différence et l’émancipation d’un groupe. Et prouve qu’il est possible de faire cohabiter action et humour sans forcément prendre le public pour un troupeau d’ignares. De même, la « présentation » des personnages et de leurs pouvoirs, souvent lourde et démonstrative, est ici suffisamment bien traitée pour qu’elle passe comme une lettre à la poste. 

 

Et si ensuite les morceaux de bravoure où chaque mutant va faire étalage de ses pouvoirs sont en effet bien présents, ils sont au service d’un scénario solide et fluide, bien servi par une troupe d’acteurs très en forme, en particulier les deux héros auxquels James McAvoy et surtout Michael Fassbender apportent avec brio tout leur métier et le jeu en nuances. D’autant que le film a la bonne idée de ne jamais pousser le sérieux trop loin, en particulier quand il balance un caméo express mais irrésistible d’un illustre personnage de la saga. Autre point notable qui donne un aperçu de la qualité de l’ensemble : chaque protagoniste parle dans sa langue maternelle, qu’il soit russe, allemand ou suisse. C’est suffisamment rare dans le cinéma américain pour être souligné, en particulier dans un blockbuster estival

Bref, un très bon divertissement, adulte et rythmé. Idéal pour commencer l’été dans une salle obscure. Et un sacré raffraichissement dans le monde parfois aseptisé et décérébré des films estivaux américains.

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1 juin 2011 3 01 /06 /juin /2011 15:32

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Après le succès colossal de la première virée « bachelor party » à Las Vegas, une suite était à attendre… ou à craindre. Very Bad trip était un triomphe surprise, une petite comédie entre potes assez trash, plutôt décomplexée et franchement poilante. Devenue un enjeu de studio et un blockbuster en puissance, qu’allait-il advenir de la joyeuse bande de dégénérés ?


Le réalisateur Todd Philipps a hélas choisi la voie la plus simple et la plus décevante : la photocopie couleur. Il ne s’agit pas seulement de reprendre les personnages mais de refaire exactement le même film dans un environnement différent. Exit donc, Las Vegas et ses tentations et bienvenue à Bangkok pour une journée de  gueule de bois, de recherche de disparu et de reconstitution d’une nuit houleuse. Malheureusement, l’effet de surprise a disparu et entraîne avec lui tout l’intérêt du film.


Passé un prologue long et ennuyeux, nos trois compères se retrouvent enfin seuls, lâchés en plein centre de Bangkok, pour une course contre la montre qui semble bien familière : enfermé dans l’obligation de refaire aussi drôle que le précédent opus, le film joue la surenchère mais se plante sur toute la ligne. Manque de rythme, gags qui tombent à plat, acteurs qui surjouent, succession de clichés, c’est peu dire que le film ne tient pas ses promesses, et fait même preuve d’une apathie souvent étrange. On ne sent jamais cette délicieuse odeur de catastrophe post-alcoolique malgré les hurlements répétés et très pénibles de nos trois compères qui meublent comme ils peuvent les grands trous d’air du scénario. Cette désinvolture générale se retrouve particulièrement dans les caméos de deux acteurs « sérieux » sensés booster l’intrigue et offrir des grands moments de cabotinage : Paul Giammatti ne se force même pas à délivrer l’hystérie qu’on lui connaît, et Nick Cassavetes, pourtant réputé malade mental, ne fait que passer dans un calme olympien. Déception sur toute la ligne…


Et les scénaristes enfoncent vigoureusement le clou dans le dernier quart d’heure, qui navigue entre redite et autocitation, avec l’apparition totalement artificielle d’une guest-star qui était drôle… dans le numéro 1. Il ne nous reste que nos yeux pour pleurer, quelques scènes trash pour rigoler (un peu) et quelques secondes pour apprécier le retour assez irrésistible de nos gros soulards dans un mariage guindé.

Le talent si évident il y a 2 ans s’est mystérieusement évaporé dans les chaleurs thaïlandaises. Ou alors Todd Philipps s’est paresseusement contenté de retourner le même film en se disant que c’était ce que les gens attendaient. Au delà du sentiment de foutage de gueule, les résultats stratosphériques au box office américain ne semblent malheureusement pas lui donner tort. 

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28 mai 2011 6 28 /05 /mai /2011 19:31

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Michael Connely est un des auteurs les plus populaires du polar américain. Très lié à la ville de Los Angeles, il a signé des dizaines de bouquins qui s’attachent aux basques d’un de ses quatre antihéros. Ce n’est pas du Tolstoï mais c’est le genre de bouquins intelligents et très bien écrits que l’on a du mal à reposer une fois débutés. Il est bien normal que le cinéma s’y intéresse, et pas les plus petits noms, Clint Eastwood a par exemple a déjà adapté Connely (Créance de sang). Et c’est ici Mickey Haller qui est au centre de l’histoire, un avocat borderline qui a installé son bureau dans sa Lincoln et qui pense trouver le coup de l’année quand il doit défendre un riche héritier plein aux as d’une accusation de tentative de viol.

 

Le livre était parfait pour une adaptation à l’écran : une histoire tordue mais fluide, des personnages hauts en couleur et la joyeuseté du système judiciaire américain jamais avare de retournements et de spectaculaire. Et il faut reconnaître que le boulot est plutôt bien fait : le jeune réalisateur Brad Furman ne cherche jamais le chef d’œuvre mais emballe un polar noir plutôt plaisant, en jouant parfaitement de l’atmosphère inimitable de Los Angeles. Entre les prétoires, les pénitenciers, les gratte-ciel, les gans de motards, les prêteurs sur gage et les détectives privés, la ville suinte la suspicion, la violence mais rarement la justice. Et puis ô divine surprise, les deux acteurs de série B convoqués pour l’occasion sont vraiment à l’aise dans leurs baskets : Matthew McConaughey casse son image de bellâtre en instillant ce qu’il faut de distance et de cynisme, et Ryan Philippe rappelle qu’il peut parfaitement être inquiétant et pervers.  

 

Quelques déceptions quand même : le peu de temps passé dans le tribunal qui constituaient de loin les meilleurs moments du livre et les trop nombreuses images de la vie de couple du protagoniste, qui n’apportent finalement pas grand-chose à l’ensemble, malgré la toujours excellente et magnifique Marisa Tomeï. 

La défense Lioncoln reste néanmoins un polar de qualité, tout à fait recommandable, et une très bonne occasion de se lancer dans la lecture des romans de Michael Connely.

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25 mai 2011 3 25 /05 /mai /2011 11:17

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Rarement un film n’aura suscité autant d’attentes. C’est bien LE projet mûri depuis plusieurs décennies par un des génies du cinéma encore en exercice. Un cinéaste décalé, dont les quatre premiers films sont de véritables petites merveilles visuelles et poétiques. Un cinéaste pour lequel tous les acteurs rêvent de travailler. Un cinéaste qui a attendu très longtemps avant de dévoiler son dernier bébé, déjà annoncé à Cannes l’an dernier et finalement retenu cette année où il a remporté la Palme d’or.


Les réactions ont été contrastées, et on le comprend après avoir subi les deux heures et demi de poésie mystique du maître. C’est un OVNI, un film qui refuse tout cadre narratif ou dramatique, pour se consacrer à la recherche du divin depuis le début de la création jusqu’à une famille d’américains dans les années 50. Volontairement décérébralisé, le film est donc particulièrement difficile d’accès dès les premières images, où l’on reconnait le style de Malick fait de silences, de plans furtifs, de musique classique et d’une lumière incroyable. La beauté des plans est à couper le souffle, on ne peut que s’incliner devant tant d’audace, de culot. Oser faire un film d’art et d’essai complexe et perturbant à Hollywood est devenu tellement rare que c’est déjà un exploit en soi. D’autant que le première heure prend à la gorge : ce mélange de plans numériques, d’images de deuil et d’enfants est assez bouleversant, prenant, inédit. On baigne complètement dans une poésie totale, hors du temps et de toute logique. La maitre nous emmène avec son style inimitable  vers des horizons lointains et totalement enchanteurs.

 

Mais malheureusement, l’enchantement ne tient pas la distance. Revenu dans cette famille américaine sensée représenter beaucoup de choses, Malick étire jusqu’à l’épuisement le jeu de dupes entre père, mère et fils. On ne sait pas tellement ce qu’il cherche à nous dire, et malgré une succession de scènes très fortes, la métamorphose attendue du fils en être brutal et dur est beaucoup trop longue pour marquer. Le cinéaste de la nature, dans grands espaces et des plans extérieurs ne parvient jamais à s’exprimer complètement dans cette baraque étriquée et ce petit jardin. Sa poésie et la force de son cinéma se désagrège petit à petit sous les yeux médusés d’un spectateur qui a surtout l’impression que cela n’en finira jamais.

 

Et la séquence finale qui devrait nous bouleverser, nous emporter, nous clouer sur notre siège, finit d’achever son spectateur entre incompréhension et frustration d’être passé à côté de quelque chose. Curieuse sensation que de passer dans la même séance de la curiosité à l’émerveillement de plus total, puis à l’ennui et enfin à l’exaspération. Si The Tree of life reste un objet cinématographique passionnant, les fans de la première heure de Terence Malick peuvent être légitimement déçus que la consécration cannoise vienne récompenser son film le plus déséquilibré et le plus inabouti à ce jour. 

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