Un tueur en série multiplie les meurtres atroces de jeunes filles en se servant d’un transport d’écoliers. Un agent secret voit ainsi sa fiancée sauvagement assassinée et retrouvée en plusieurs morceaux. Il jure de se venger
Cela commence comme un (très bon) polar de vengeance : des meurtres atroces, un grand malade, la souffrance insupportable des proches des victimes, l’appel du sang. Vous pensiez qu’Hannibal Lecter était le tueur en série le plus dingue de l’histoire ? Celui-ci le ferait passer pour un aimable plaisantin. Vous croyiez que Charles Bronson était un vengeur dur et sans pitié ? L’agent secret qui court après le monstre en liberté fait à peine moins peur que lui…
Là où le film fait mouche, c’est dans sa façon déjantée de brouiller les pistes et de perdre le spectateur en route. Là où on pouvait s’attendre à un polar de vengeance classique, le scénario se faufile avec une habileté de saltimbanque entre le polar noir humoristique (à la Tarantino), le film d’horreur (on pense beaucoup à Massacre à la tronçonneuse), et même à la comédie romantique. Sans trop en dire, les surprises commencent quand l’agent met (un peu trop vite) la main sur le tueur : une exécution sommaire ? Pas du tout, ce serait beaucoup trop simple.
A partir de là, l’histoire nous entraîne dans un jeu du chat et de la souris sanglant et dangereux, qui commence dans une grande maitrise pour tomber petit à petit dans l’anarchie la plus totale. Dans cet océan de sauvagerie et de sadisme, le spectateur se retrouve à admirer la créativité morbide du réalisateur, sa maitrise des combats en espaces clos et sa capacité incroyable à faire mourir de rire un auditoire avec les situations les plus horribles. Ce côté presque cartoonesque est magnifiquement porté par la démence de Lee Byung-hyun (Old Boy), hallucinant en serial-killer vulgaire et soupe au lait.
Malin, le film pose aussi en filigrane la question du rapport à la violence. Ce n’est complètement nouveau, mais en tant que spectateur, il est toujours intéressant de se demander si c’est bien sérieux d’adorer passer deux heures de violence totale, aussi décalée soit-elle.
Deux ans après le merveilleux Le bon, la brute et le cinglé, Kim Jee-woon confirme qu’il est bien un des cinéastes asiatiques les plus intrigants et les plus excitants. Alors malgré le faible nombre de salles, si vous n’êtes pas trop sensible , laissez vous tenter par ce petit bijou. Attention, néanmoins, le film est d’une sauvagerie assez inouïe.