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2 avril 2011 6 02 /04 /avril /2011 12:00

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Le sympathique Gino, pizzaïolo bruxellois de son état, apprend que son oncle mafieux napolitain veut l’inscrire sur son testament. Mais pour cela, il doit faire honneur à la Camora en leur prouvant qu’il est un véritable truand, accompli et respecté. Il engage alors une improbable équipe pour tourner un film qu’il pourra envoyer à son oncle.


Le pitch envoie le film vers une mise en abîme qu’on pouvait attendre réjouissante puisqu’il s’agit ici d’être témoin d’un tournage d’un film tourné avec trois bouts de ficelle par des amateurs, et de toutes les catastrophes qui en découlent. Un croisement entre Le Parrain et Ca tourne et Manhattan, de quoi se frotter les mains. Hélas, Samuel Benchetrit semble surtout réaliser un film pour se faire plaisir, mais oublie qu’il a accessoirement d’autres personnes que lui à contenter : des spectateurs.

Et on est forcés de se demander si quelqu’un à prévenu Benchetrit que son film serait projeté, tant on a l’impression qu’il s’amuse à mettre à l’écran ce qui lui tient à cœur sans se demander si l’ensemble a de la cohérence, et même si cela est drôle ou intéressant. Par exemple, il veut rendre hommage aux films de mafias : on se prend un virage à 180° depuis la cuisine de Gino et on part pour un quart d’heure en Italie, ses grandes maisons familiales et ses règlements de compte. C’est long, hors de propos, pas toujours fin, bref, on se demande ce qu’on fait là.

 

Pour ce qui est de la comédie, le film est très inégal, le « tournage » est plombé par un certains nombre de gags qui tombent à plat, et quelques séquences totalement ratées, pas drôles du tout, qui donnent même l’impression que l’on pourrait être en présence d’un authentique navet. Impression entretenue par une pénible Anna Mougladis qui en fait des surcaisses comme si elle jouait dans une série Z.

Heureusement tout fonctionne mieux dès que le film revient dans la réalité. Enfin drôle, il fait entrer un authentique mafieux, une famille italienne un peu spéciale et aussi un poney.  La mayonnaise prend par moments, surtout quand l’impayable Sergi Lopez débarque dans ce monde de fous.

Mais ce vaste foutoir ne parvient jamais à se hisser à la hauteur de ses ambitions. Egoïsme d’artiste ? Paresse ? Manque de sens comique ? Ou tout simplement manque de talent ?

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1 avril 2011 5 01 /04 /avril /2011 09:48

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Danny Boyle est un cinéaste à la fois éclectique et inégal. Son style épileptique et clippeur n’est jamais d’une grande légèreté, et peut vite monter à la tête, ce qui ne l’a pas empêché de signer un succès mondial ( Slumdog Millionaire), réussir quelques très bons films (Trainspotting, Sunshine) et accessoirement faire hurler les Cahiers du cinéma. Après son dernier triomphe oscarisé, le réalisateur est parti à la conquête d’une nouvelle expérience de cinéma,  labellisée histoire vraie : le récit des 127 heures d’enfer d’un casse-cou bloqué au fond d’un canyon par un rocher qui lui est tombé sur le bras. Ses tentatives désespérées pour s’en sortir et la solution radicale qu’il choisira à l’aide d’un couteau chinois de mauvaise qualité.

 

L’histoire tient en deux lignes, et il n’y a pas de suspens. Ou plutôt une autre forme de suspens : après un quart d’heure de trip survitaminé, une fois le rocher tombé sur James Franco, le film va-t-il parvenir à se tenir pendant les 75 minutes qui restent dans le fond d’un canyon ? La réponse est oui, mais surtout parce que le réalisateur n’a pas choisi la voie du film sec et métaphysique, et sort rapidement de son trou à travers des rêves ou des hallucinations. On ne passera donc pas 127 heures mal filmées à se poser des questions existentielles,  ce n’est pas un bête caillou qui va empêcher Danny Boyle de multiplier les effets de caméra, les filtres, les prises de vues les plus inattendues. Beaucoup d’effets, mais pas de vacuité, peu d’attente et seulement un peu de peur, on est pas chez Antonioni ou Gus Van Sant.

 

On pourrait appeler cela la voie de la facilité, mais il faut reconnaître que le film fonctionne plutôt bien, à part la lourdeur gênante de quelques apparitions familiales, et la désagréable sensation de regarder un écran publicitaire permanent (merci Petzl !). Jusqu’à la séquence tant attendue d’auto-amputation dont on ne nous épargnera pas grand-chose, âmes sensibles s’abstenir. Au passage, un grand coup de chapeau à James Franco qui, seul face à la caméra pendant une heure et demi, est vraiment à la hauteur.  

 

C’est d’ailleurs seulement quand il retrouve sa liberté qu’on commence à ressentir quelque chose, que l’identification fonctionne mieux, et qu’on sort de l’exercice de style que l’on regardait jusqu’ici avec curiosité, mais sans trop de passion. Au final, on est témoin de ces127 heures comme une performance sportive mise en image par un clippeur hors pair : c’est impressionnant, certes, mais de là à trouver ça beau, fort ou intéressant…

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31 mars 2011 4 31 /03 /mars /2011 11:29

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Alessandro est un veuf très actif, professeur de musique baroque, lecteur pour malades, choriste et accessoirement père d’une adolescente qu’il couve exagérément. Les rapports père/fille, déjà compliqués, deviennent petit à petit exécrables…sans compter que son frère en résistance au régime Berlusconi habite avec eux, et cherche à soulever la postière contre l’oppression des masses. Tout un programme…


Strasbourg, la musique baroque, l’Italie, le deuil, l’adolescence : le cocktail proposé par Philippe Claudel est d’abord assez original, dans sa manière de mélanger des thèmes assez inattendus. Ensuite, il s’agit vraiment d’un film d’écrivain, avec des dialogues travaillés et percutants, un travail sur les langues, des personnages fins et très écrits. C’est donc assez plaisant de voir ce pauvre père de famille brinquebalé entre sa fille qui a un sacré répondant, ses copains un peu lourdauds, des malades assez exigeants et surtout son impayable frère qui ne se remet pas de l’accession au pouvoir de Berlusconi. Même si le début du film est surtout composé de saynètes mises les unes après les autres, c’est souvent drôle, fin et parfois même jubilatoire quand un policier explique au père outré qu’il est bien normal que les jeunes lancent des pavés sur les CRS. Ou encore dans ces inattendues séances de lecture à un grand père ou à une gamine passionnée de mythologie. D’autant que l’interprétation est globalement à la hauteur, en particulier Stefano Accorsi dont on ne soupçonnait pas un certain talent comique, et le merveilleux Neri Marcore qui fait un sacré numéro dans le rôle du frère un peu anarchiste. Cerise sur le gâteau :  même pour un profane, les passages musicaux sont vraiment agréables…


Mais un film d’écrivain a aussi ses limites. Pour un film de ce genre, Philippe Claudel mise tout sur ses mots et ses situations, et déroule une mise en scène est bien timide. Ce qui devient au fur pénalisant et à mesure d’un film qui manque parfois de liant et d’envergure, jusqu’à broder une fin un peu facile qui verse vite dans le bon sentiment. Mais ces limites ne parviennent pas à gâcher le plaisir d’un cinéma populaire, mais exigeant, drôle et même parfois intelligent. Et qui, sans chercher à faire de l’Orson Welles,  ne se croit pas obligé de prendre les spectateurs pour des ignares

 

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27 mars 2011 7 27 /03 /mars /2011 17:31

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Adapter Philip K.Dick est toujours un pari risqué. Les histoires fantastiques issues de l’imagination débordantes de l’auteur ont souvent bien du mal à passer sur grand écran. Soit elles sont mises en image par un réalisateur visuel, visionnaire et adapté au fantastique, et ça donne Blade Runner de Ridley Scott ou Minority Report de Steven Spielberg. Soit elles tombent entre les mains d’un action maker qui scotche le récit dans un réalisme contre nature et ça donne des ratages aussi flagrants que Next de Lee Tamahori ou encore Paychek de John Woo.


Malheureusement, il faut assez peu de temps pour comprendre que l’Agence appartient à la seconde catégorie. Dès que ces silhouettes inquiétantes en costard cravate se mettent à marcher en rang impeccable sur un toit de New-York en scrutant l’humanité, on se dit que c’est foutu. Pour adapter cette histoire tordue, hautement improbable, il aurait fallu des choix visuels et de mise en scène très marqués. Et ici, il y a un écart très gênant entre la grande fantaisie de l’histoire, profondément fantastique et irrationnelle, et un traitement pépère de film new-yorkais romantique.


On sent bien que c’est la partie amoureuse de l’histoire qui a absorbé le scénariste-réalisateur, mais pourquoi avoir choisi de l’étaler longuement, avec trois arcs d’histoires quasi identiques, répétitifs, et auxquels plus personnes ne croit quand le récit s’emballe enfin ? Comment prendre au sérieux un récit qui repose sur des passages de portes, le fait de porter un chapeau et un super agent mutant qui fait une sieste au lieu de surveiller sa cible ? Rien ne fonctionne, malgré les efforts du réalisateur qui multiplie les plans larges dans les grands bâtiments new-yorkais, comme une preuve de son impuissance à créer une ambiance. Quand on veut aborder des thèmes aussi chargés que le libre arbitre, le destin et l’amour intemporel, ce n’est pas possible d’y aller aussi légèrement, car cela entraîne tout droit vers…le rire

 

Pas grand-chose à sauver de ce triste ratage donc, cette Agence aura au moins rempli trois objectifs. Prouver que Matt Damon n’a pas une tête à chapeau. Valider qu’Emily Blunt est une actrice à suivre (surnager d’un tel naufrage est une performance en soi). Et déclencher une hilarité bienvenue quoique involontaire aux moments clés du film. Mais peut-être que les producteurs avaient d’autres idées en tête en dépensant 65 millions de dollars. 

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23 mars 2011 3 23 /03 /mars /2011 09:07

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Les deux guerres en Irak auront décidément inspiré beaucoup de monde, dans des genres très différents. David O’Russel avait fait une comédie dramatique (Les rois du désert), Brian de Palma un film Youtube (Redacted), et Paul Greengrass avait recyclé Jason Bourne avec Green Zone. Plusieurs styles, un point commun : tout le monde semble d’accord pour jeter un regard dur et désabusé sur ces conflits. Mais comme on est ici chez Ken Loach, l’action va se centrer sur la Grande-Bretagne, même si les événements dramatiques passés se sont tous déroulés « sur le terrain » en Irak.

Un mercenaire est tué pendant un transport dangereux. La société qui l’employait est très compatissante mais le meilleur ami a du mal à croire à la thèse officielle. Avec sa veuve, ils cherchent à comprendre ce qui a bien pu se passer, dans les mailles d’une société de contracting sécuritaire très propre sur elle en apparance.

 

Filmer un polar depuis l’Europe avec l’Irak en toile de fond est une idée très intéressante. En montant efficacement des images de conflits au milieu d’une trame de polar anglais, Ken Loach réussit un film plutôt prenant, et parvient en particulier à bien accrocher son spectateur aux basques du personnage principal. Le sujet a déjà été suffisamment traité récemment pour que l’on apprécie un regard différent, d’autant plus que celui-ci se range vite du côté des victimes, qu’elles soient occidentales ou irakiennes. La réalisateur est chez lui dans cette Angleterre désabusée, à fleur de peau, et où tout se passe autour d’un verre.

 

Cette forme d’efficacité ne fera malheureusement pas oublier que le scénario dans son ensemble est très attendu, prévisible, presque banal. Si le style fait parfois la différence, on pourrait retrouver exactement la même histoire dans un thriller américain lambda, et surtout le même traitement et le même dénouement. On pourra aussi rester sceptique devant certains artifices narratifs un peu dépassés au XXIème siècle, comme les messages sur répondeur ou des photos compromettantes balancées dans la nature. C’est d’autant plus dommage que les scènes « irakiennes » sont souvent réussies, là où on pouvait douter le plus de la maitrise de Ken Loach.

C’est en fait loin du thriller militaire que le réalisateur fait mouche, quand il décrit la trajectoire d’un homme et d’une femme brisés, la rage qui les habite et la révolte contre un système.  Au final, Route Irish ne restera pas comme une des plus grandes réussites de Ken Loach. Mais un Ken Loach quand même...

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20 mars 2011 7 20 /03 /mars /2011 22:11

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"That was some true John Wayne shit, chief sergent ! "     "Who the hell is John Wayne ?"

 

L’invasion extra-terrestre est une spécialité américaine reconnue, surtout pour le pire. Pour un District 9, combien d’Independance Day ou de Skyline...Avec son titre qui est déjà une agression en soi, le film commence avec les bases. Les fondamentaux, même. A  tel point qu’on se demande si toute l’équipe n’a pas suivi le guide du film d’invasion pour les nuls. Voyez plutôt :


1) Pas de stars : ça coûte un bras de détruire L.A., on garde le budget pour la destruction massive. 2) Respect des quotas raciaux : du blanc, du black, de l’asiatique, et même une femme latino (lettre compte double) 3) Ne pas montrer l’ennemi tout de suite : ça sert le suspens (et accessoirement tu sais combien ça coûte un effet numérique ?) 4) Une caméra à l’épaule qui bouge et qui nous plonge au cœur de l’action (époque Youtube oblige) 5) Un petit jeune lieutenant tout frais qui sort d’école qu'on colle dans les pattes d'un vieux sergent chef expérimenté mais avec un sérieux trauma.(parvidnra t-il à le surmonter ? suspens....)

Avec tout cela, l’équipe est prête à aller sauver des civils et botter le cul des aliens qui ont le culot de débarquer sur leurs meilleures plages de surf. 

C’est quand le réalisateur nous plonge dans l’action qu’il trouve une efficacité assez intéressante. Car dès que l’action s’arrête, c’est absolument pathétique, le scénario est ultra-prévisible (putain, le vaisseau mère qui contrôle tous les petits, non !), les dialogues lénifiants, les sacrifices évidents et les retournements anticipés par toute la salle. On ose même pas parler de psychologie de personnages, tellement la description s'arrête à une caractéristique, qui servira à identifier chacun au milieu des crépitements de balles.

 

Heureusement pour tout le monde, la deuxième heure du film est principalement consacrée aux combats. En variant les plaisirs, le réalisateur montre qu’il est l’aise dans un commissariat, dans une rue, dans un bus, et surtout sur un pont pour emballer des séquences franchement plaisantes. Et quand il oublie de faire semblant de filmer un documentaire, il se révèle être un action-maker tout à fait acceptable. Si vous rajoutez à cela que les décors de L.A. sous la cendre rendent bien, que la photo est pas mal, vous serez peut-être prêts à oublier les multiples spots de pubs pour les marines, l’héroïsme dégoulinant et la grosse musique. Mais si vous mettez déjà les pieds dans la salle, c’est peut être que quelque part, vous aimez un peu ça quand même…

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19 mars 2011 6 19 /03 /mars /2011 18:45

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L’autre Paris, ses petits quartiers qui ressemblent à des villages, le bistrot du coin, le pressing, le libraire, et toute la vie qui va autour. C’est à tout cela que Fred Testot (sans Omar) a tenté de rendre hommage puisque l’idée originale est de lui. Hommage valable surtout quand ces sympathiques habitants décident de rendre hommage à un SDF décédé en organisant une improbable pièce de music hall.


Le parti pris est celui du film choral, le scénario passe à pleine vitesse d’un personnage à l’autre le temps de nous présenter son caractère, ses problèmes, sa vie, et l’on passe avec vigueur au suivant jusqu’à que la caméra finisse par tourner en rond entre eux. S’intercalant gentiment, un défilé de guests stars (Eric et Ramzy, François Berleand, Bruno Solo) viennent furtivement filer un coup de main qui ne dépasse jamais la minute à l’écran

Si certains des protagonistes sont éminemment sympathiques, il se débattent dans un scénario assez vide, le film se contentant d’appuyer sur un gros traits de caractère par personnage avant de passer au suivant. Pas de folie, des dialogues faiblards, aucune scène qui ne marque vraiment, on se cale au fond de son fauteuil on attend que tout cela finisse. 


Au moins, le film est rarement pénible, sauf peut-être avec le très désagréable personnage de Frederique Bel. Rien de franchement dramatique donc, mais une vacuité et une poussivité assez inattendues vu l’ampleur du projet. Comme si tout le monde s’était rendu compte en cours de route que l’idée de départ de Fred Testot n’était finalement pas si bonne.

On comprend mieux pourquoi EuropaCorp, spécialiste des campagnes de sorties au bazooka, n’a pas montré le film à la presse et a décidé d’une date de sortie suicidaire couplée avec une campagne de pub inexistante. Car au final, le film ressemble à s’y méprendre à la pièce amateur qu’il décrit, qu’on regarde avec beaucoup de compassion au vu de l’énergie déployée même si le résultat est globalement nul. Ou alors il faudrait faire comme le seul personnage du film qui rigole tout le temps : être bourré du matin au soir.

 

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17 mars 2011 4 17 /03 /mars /2011 13:23

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La crise économique n’en finit pas de faire des victimes. Ici, c’est le cinéma qui s’en tire plutôt mal. Il faut dire que le programme était inquiétant : cinéaste léger, Klapisch est bon quand il traite de sujets drôles, mais il s’est toujours planté dès qu’il a tenté de sortir de la comédie. Et là, pour revenir sur mondialisation, les délocalisations et les dérèglements de la finance, le réalisateur fonce dans le tas avec la légèreté d’une charge de Panzer.

 

En faisant se rencontrer un requin de la finance et une mère courage licenciée, il prend le sujet par le petit bout de la lorgnette pour délivrer un message à la fois simpliste et démagogique. Un film où l’on va montrer à quel point les financiers sont des salauds sans cœur et combien les petites gens souffrent pour boucler leurs fins de mois. On va même souligner tout ça au Stabilo avec force symboles jusqu’à la nausée, juste pour être sur que le public aura bien compris, je ne me souviens pas  avoir été aussi embarrassé dans une salle obscure depuis longtemps. Que ce soit quand Klapisch filme les pauvres en train de faire leurs courses à LIDL après la paye du mois sur la musique de Pretty Woman, ou quand Karin Viard explique à sa fille qu’il faut nourrir les petits canards plutôt que les gros, sinon les gros ne partagent pas. La vie, c’est facile, y a les gentils pauvres un peu cons et les méchants riches qui savent faire du pognon, mais pas aimer une femme, faire leur repassage ou s’occuper de leur gosse. Consternant. 

 

 

Pour couronner le tout, c’est cinématographiquement assez mauvais. Histoire d’accentuer le pathos, les personnages sont écrits à la truelle, entre Karin Viard qui sort d’une tentative de suicide avec une pêche à tout casser (c’est bien connu) et Gilles Lelouche qui est très content de sa vie de trader jusqu’au jour où il se met à se poser des questions existentielles entre deux petits fours. Ce personnage de trader, sorte de Gordon Gekko français, n’est absolument pas crédible, étant à la fois un cliché sur pattes (vicieux, hautain, goujat, violent, bref, une vraie ordure), et complètement ahuri, limite débile profond, tant il ne semble jamais se rendre compte des conneries qu’il débite à longueur de journée. Perdu dans des dialogues absolument navrants, Gilles Lelouche fait beaucoup d’efforts mais passe totalement à côté de son contre-emploi,  incapable de faire passer la moindre dureté ou méchanceté, coincé dans son registre de bon gars lambda. Sans compter que le rebondissement principal du film intervient quand il balance son fiel à un balcon…alors que Karin Viard est juste en dessous. Personne n’avait manifestement plus de dix secondes pour écrire une scène correcte, tant pis.

 

Et quand l’exutoire arrive, où le vilain se fait enfin péter la gueule sur un parking de Dunkerque par Xavier Matthieu ( !) à côté de son coupé Mercedes, on se dit qu’on a vraiment touché le fond du fond en terme de film politique. Si vous voulez une analyse profonde sur la crise, louez Inside Job. Et si vous voulez vibrer au son d’une revanche des petits sur les grands, drôle et intelligente, revoyez le merveilleux Looking for Eric.

 

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17 mars 2011 4 17 /03 /mars /2011 07:53

Les films d’auteur

Pour auteurs débutants ou grand maîtres confirmés, la première partie de l’année permet de participer aux festivals de Berlin et de Cannes

 

Pina de Wim Wenders (6 avril)


pina.jpgUn film dansé par Wim Wenders ? Pourquoi pas, il avait signé un documentaire musical culte avec Buena Vista social Club. Un film en 3D par Win Wenders ? Ca, on a plus de mal à s’imaginer l’auteur des minimalistes Paris,Texas et les Ailes du Désir en train de bidouiller des effets spéciaux à la pointe de la technologie. Et pourtant, c’est bien le parti qu’a pris le réalisateur allemand pour rendre hommage à la chorégraphe Pina Bausch, décédée en 2009. Intriguant, et même excitant au vu des premiers retours euphoriques des spectateurs du festival de Berlin.

Rabbit hole de John Cameron Mitchell (13 avril)

 

rabbit-hole-movie-02.jpgEvoquer la mort d’un enfant et la reconstruction des parents, vaste programme au menu du prochain film de John Cameron Mitchell, plus connu jusqu’ici pour ses films art et essai un peu barrés que pour sa capacité à traiter frontalement la douleur et le deuil. Ce film marque le grand retour de Nicole Kidman après quelques choix douteux et quelques bonnes catastrophes, dans un rôle dense et ambigu qui lui a valu une nomination aux oscars.

Midnight in Paris de Woody Allen (11 mai)

 

Midnight-in-Paris-realise-par-Woody-Allen-reunit-Marion-Cot.jpgAprès un passage un peu décevant à Londres, et avant de courir à Rome, c’est à Paris que Woody Allen a posé sa caméra, avec (comme d’habitude) un casting à tomber par terre, renforcé par une petite colonie de français dont la first lady herself, pour un caméo qui fait déjà du bruit. En tous cas, il semble qu’on aura affaire à une comédie légère, plus qu’à un film grinçant. Gilles Jacob, conquis, l’a inscrit en ouverture du Festival de Cannes.

 

 

 

Tree of life de Terence Malick (18 mai)

 

Tree-of-life-movie--1-.jpgL’attente devient insupportable mais cette fois-ci devrait être la bonne. Le film qui devait être l’événement de Cannes 2010 est bien parti pour être celui de Cannes 2011. Tourné il y a plusieurs années, travaillé dans le secret par l’ermite Terence Malick jusqu’à la perfection recherchée, le film évoquera la vie, la mort, la filiation, avec son casting poids-lourd (Sean Penn et Brad Pitt) et son histoire sur plusieurs générations.  Pourquoi une telle excitation ? Sûrement parce que tous les films du réalisateur tournés jusqu’ici se sont avérés être de petites ou grandes merveilles.

 


Les inclassables

 

Detective Dee de Tsui Hark (20 avril)

 

detective_dee5.jpgLa dernière livraison d’un des grands maîtres du cinéma d’action hongkongais : un film de sabre mêlé à un polar moyenageux et un film historique. Dans la lignée des grands classiques du genre, on devrait avoir droit à moult combats, envolées, trahisons, chevauchées sauvages. Le film a beaucoup plu au festival de Venise et semble confirmer le retour en forme d’un cinéaste souvent inégal, à force d’enchaîner les films les uns après les autres. A réserver néanmoins aux amateurs du genre…

 

 

 

 

Animal kingdom de David Michod (27 avril)

 

animal-kingdom.jpgPolar australien sec et décalé, ce petit film s’est fait remarquer par une nomination aux oscars et un grand prix au festival du cinéma indépendant de Sundance, en plus d’un accueil critique enthousiaste aux Etats-Unis. Autant de raisons de s’intéresser à ce que l’Australie nous envoie, surtout quand le film est porté par l’excellent Guy Pearce. 

 

 

 

La conquête de Xavier Durringer (25 mai)

 

539733-image-du-film-la-conquete-avec-denis-156x133-3.jpgAttention événement : l’élection de Nicolas Sarkozy vue de l’intérieur, avec tous les personnages principaux portés à l’écran. Rompant avec la tradition française d’attendre 30 ans pour se repencher sur les moments marquants de notre histoire,  Xavier Durringer ose le film politique mimétique, avec Denis Polalydes en futur président. Reste à savoir quel traitement sera réservé à tous ces personnalités que l’on croit si bien connaître : film grinçant, insolent, authentique, fantaisiste ?

 

 

 

Le chat du rabbin de Joan Sfarr (1er juin)

 

le-chat-du-rabbin3.jpgAprès le triomphe critique et césarisé de Gainsbourg vie héroïque, Joan Sfar retourne vers la BD pour adapter en film d’animation son propre travail. Il y ajoute une 3D assez curieuse, qui donne des premières images étonnantes. De quoi aller concurrencer la mainmise américaine sur le terrain de l’animation, en cherchant plus vers l’intelligent, et moins vers le débilisant ?  

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16 mars 2011 3 16 /03 /mars /2011 08:33

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Noël 1994. Le GIA algérien mène une guerilla contre son gouvernement. Un avion Air France est pris en otage sur l’aéroport d’Alger par quatre terroristes qui exigent de décoller en direction de Paris. Dans les premières heures, plusieurs passagers sont exécutés, dont un ressortissant français. Ca s’agite en plus haut lieu à Paris, le GIGN est alerté.

 

Les français osent de plus en plus s’aventurer sur le film d’action premier degré et c’est plutôt une bonne nouvelle. Surtout quand ils se saisissent de faits d’actualité récents avec prudence, sans les grosses trompettes patriotiques mais juste avec l’ambition de faire un bon film d’action « réaliste ». Rien qu’à l’énoncé de ce mot, on sent tout de suite le patronage de l’anglais Paul Greeengrass (Vol 93, Jason Bourne2 et 3, Green zone) qui a fait rentrer le film d’action dans le XXIème siècle, en lui donnant une légitimité et l’habitude de mettre ses pas dans l’actualité, aussi brûlante soit-elle.


Et il faut dire que Julien Leclercq parvient plutôt bien à gérer sa trame en jouant sa partition sur plusieurs tableaux. L’intérieur de l’avion bien sûr, mais aussi la préparation du GIGN et surtout les coulisses diplomatiques. Très intelligemment, il nous épargne les moments virils du GIGN et les speechs sur l’honneur pour se concentrer sur une préparation sèche, froide, qui tranche avec l’excitation et la dramatique intensité dans l’appareil. Même les scènes à l’intérieur des ministères, plutôt gonflées, passent bien, grâce à une belle retenue de la (quasi) totalité des acteurs (sauf la stagiaire du MAE, bizzarement complètement à côté de ses pompes). En économisant les scènes d’action et en privilégiant la montée en tension jusqu'à une issue que l'on sait inévitable, le film réussit un découpage vraiment intéressant sur ce moment d’histoire. Cette énergie, ce talent et cette intelligence permettent la plupart du temps de passer outre les défauts du film.


Car des défauts, L’assaut n’en manque pas. C’est d’autant plus rageant qu’en réussissant à éviter la lourdeur sur le fond, le réalisateur la surligne bêtement sur la forme. D’abord par un parti pris photo assez raté, entre noir et blanc léché style polar et ombres et lumières style art et essai, parti qui ne convient pas du tout à un film censé être réaliste. Et que dire de cette musique lourdingue, envahissante, qui appuie inlassablement les scènes les plus fortes, là où le silence aurait été le bienvenu.  Et quelle idée de s’imposer de pénibles passages familiaux avec enfant innocent et femme en sanglots, on est au-delà du cliché…

Pas de quoi complètement gâcher le spectacle, mais la preuve qu’il reste un vrai pas à faire pour concurrencer  les américains sur le terrain. Cela dit, la plus grande partie du chemin est faite. 

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