L’explosion du box-office par Monsieur Potter et la fin de la saga au cinéma a rappelé à tout le monde l’impact qu’ont eu
les sagas littéraires sur le business, surtout quand elles se prêtent à une industrialisation en série, qu’elles ciblent les publics prioritaires du cinéma (de jeunes ados jusqu’à jeunes adultes)
et qu’elles ne présentent pas un niveau de complexité trop élevé pour le grand public.
Pour les studios, mettre la main sur une franchise issue d’une série de livres présente plusieurs gros avantages. Sur le contenu, ces sagas sont souvent écrites, donc les épisodes 2,
3, 4 ne sont pas des photocopies couleur de l’épisode 1, d’autant plus que les auteurs ont la bonne habitude de développer une histoire sur plusieurs volumes, en faisant évoluer enjeux et
personnages, ce qui a forcément un effet de dépendance sur le public.
Soit le spectateur n’a pas lu les livres et il souhaite voir la suite d’une histoire inachevée, soit il les a lus et veut
voir « ce que ça rend » à l’écran. L’univers a été directement pensé pour plusieurs volumes, ce qui est rarement le cas dans les franchises « non littéraires » (voir les
pathétiques raccords faits pour Pirates de Caraïbes par exemple)
Cela permet aussi de limiter la surprise en ciblant des publics déjà conquis, et de ne pas avoir la boule à ventre à la sortie
mondiale d’un film qui surfer sur une connaissance et une mythologie, ce qui facilite la promo qui n’a pas à présenter tout le monde. Et le plus de fans hystériques on a, plus il sera facile se
faire payer une campagne de pub avec files d’attente la veille devant les cinémas…Et puis de manière pratique,
c’est une réutilisation et un amortissement de certains pans du film et par forcément les moindres (costumes, décors)
Quelques défauts quand même : les films sont souvent chers à produire, avec des univers couteux en terme d’effets spéciaux, ce qui
rend quand même la mise de départ un peu risquée. Ces films portent tellement d’enjeux que les studios cherchent à limiter les risques avec des campagnes de promotion monstrueuses (voir le
dernier Harry Potter) qui grèvent le résultat final.
Un certains nombre de tentatives arrêtent les frais après le premier film si le succès n’est pas au rendez-vous tout de
suite. C’est souvent le premier opus qui fait office de test, soit pour conforter que le modèle est bon (Harry Potter, Le seigneur des anneaux), soit pour toucher un public avant le
passage au blockbuster industriel (Twilight), ou alors tout bêtement pour jeter l’éponge si ça ne marche pas (La boussole d’or). Narnia possède la particularité d'avoir
été lâché par Disney devant les résultats moyens, et reprise au vol par la 20th Century Fox.
A noter dans les exemples suivants : deux sagas sont issus de très gros studios (Warner, Disney puis Fox) alors que les
deux autres ont été produites par des outsiders (Summit Entertainment, New Line Cinema) comme quoi ce n'est pas qu'une affaire de majors.
Les principales sagas des dernières années
Harry Potter (Warner
Bros)
8 épisodes produits / aucun à venir
(normalement)
Box office mondial moyen par épisode : 922 M$
La plus connue et la plus commentée, déchaine des hordes de fans de tous âges (ce qui est rare), une vraie ambition dans le casting qui rassemble un
impressionnant aréopage de tous les grands acteurs britanniques, un respect de l’œuvre originale et de son univers, une machine à cash inégalée rendue possible par la richesse continue du
matériau de départ. La saga la plus lucrative de tous les temps
Des coûts de production et de publicité faramineux, les livres sont devenus très épais au fil du temps et assez casse gueule à adapter avec
une multitude de références et de personnages, des choix de réalisateurs passe partout et sans grande personnalité (sauf pour le n°3, le plus réussi..mais celui qui a rapporté le moins)
Critique épisode 6 / Critique épisode 7 / Critique épisode 8
Twilight (Summit Entertainment)
3 épisodes produits, 2 à venir
Box office mondial moyen par épisode : 597 M$
Pas trop cher à produire, les
vampires sont un thème très porteur, une réalisatrice indépendante qui a emballé un fort bon numéro 1, des acteurs devenus des icônes et qui ont eu la bonne idée d'alienter les gazettes people,
une vraie poule aux œufs d’or pour un petit distributeur qui a touché le jackpot
Une base de fans
concentrée sur les ados, les suites ont été plutôt mauvaises artistiquement parlant, un discours prêchi-prêcha assez insupportable, une auteur qui n'a sorti que quatre livres (pas grave, on va
couper en deux le dernier...)
Critique épisode 1 / Critique épisode 2 / Critique épisode 3
Le seigneur des anneaux (New Line)
3 épisodes produits, 2 prequels à venir (Bilbo le
Hobbit)
Box office mondial moyen par épisode : 971 M$
De très bons films,
un projet iconoclaste et ambitieux mené par un génie du divertissement, qui a réussi l’exploit de rendre les films accessibles sans trop fâcher les fans de Tolkien, une interprétation de très
haut niveau, des univers féériques et denses, un ensemble plus adulte et plus sérieux, un souffle héroïque inimitable…
Euh…en
cherchant bien, peut-être la manichéisme revendiqué de l'ensemble mais c'est vraiment pour dire quelque chose.
Le monde de Narnia (Disney, puis Fox)
2 épisodes produits, encore quelques uns à venir
Box office mondial moyen par épisode : 582 M$
Un univers féérique et
fantastique, une identification maximum pour qui a rêvé de devenir un prince, un espèce de Seigneur des Anneaux pour les petits, un lion numérique d'un fort beau gabarit qui a la voix de Liam
Neeson...
Une cible
plutôt jeune, un deuxième film assez bancal, un côté Disney Channel un peu mièvre, dur de s'intéresser au dessus de 10 ans !
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