Les nouveautés
The good wife est clairement handicapée par son schéma narratif, très classique, efficace en terme d’audience mais décevant d’un point de vue artistique. Un épisode de 40 minutes se joue en effet systématiquement sur le schéma crime ou délit / enquête / cul-de-sac / twist / résolution de l’affaire, le tout mené tambour battant et avec de très très grosses ficelles. Si l’intrigue de premier niveau de chaque épisode est donc souvent insignifiante, ce qui se passe derrière est nettement plus intéressant puisqu’on suit en fond un seul arc narratif inspiré de l’affaire Eliott Spizer, soit un procureur qui se retrouve dans la tourmente pour un scandale sexuel et en prison pour malversation, mais vu sous le regard de sa femme bafouée. En posant un regard résolument moderne sur le fonctionnement de la démocratie américaine, la série mérite d’être vue, et elle jouit d'une interprétation globalement de très haut niveau.
Parmi les nouveautés, Boardwalk Empire était certainement l’une des plus attendues. Sensée renouer avec l’âge d’or de la chaîne HBO, la production n’a pas lésinée sur les moyens et les noms clinquants pour redorer le bason d’une chaîne en perte de vitesse face à ses concurrentes aux dents longues. Résultat : une série adulte, très bien écrite, peuplée de personnages hauts en couleur, artistiquement au top et disposant de très grands acteurs (magnifique performance du trio Buscemi/Pitt/ Shanon). Un vrai plaisir de spectateur, du 100% HBO. Seule (petite) déception, la série s’avère être exactement ce que tout le monde attendait…et sans surprise. Aux auteurs de faire dérailler tout ça les prochaines saisons.
Et justement, parmi les projets importants des concurrents, AMC a lancé The walking dead à partir du comic éponyme. Soit une énième relecture du mythe du monde dévasté par les zombies, mais sur 6 épisodes avec tous les canons du genre. Le faible nombre d’épisodes a laissé beaucoup de monde sur sa faim, 6 heures ce n’est vraiment pas grand-chose pour une série aussi ambitieuse. Mais le résultat est indéniablement plaisant et artistiquement très soigné, dans un registre de série B de luxe qui semble parfaitement convenir à la chaîne. Sans jamais s’approcher de la qualité et la puissance de « grandes » séries, The Walking Dead est un divertissement agréable à défaut d’être original.
La (re)diffusion des premiers épisodes de Glee sur W9 a donné l’occasion de percevoir le décalage avec la deuxième saison diffusée cette année. Le show de freaks et de loosers est devenu malheureusement un peu trop soigné et un peu trop conventionnel, plus près de la Star Academy et plus loin du malaise poli qui avait tant enthousiasmé lors de ses débuts. Les numéros musicaux sont toujours très au point, mais le décalage a pratiquement disparu. Si les amateurs de pop sirupeuses et de chorégraphies soignées resteront servies, si les grands enfants qui adorent un bon soap au lycée seront toujours comblés, on peut regretter qu’un show si original rentre dans le rang à une telle vitesse.
Les rattrapages
Bouclées depuis peu ou depuis un certain temps, elles sont toujours intéressantes à (re)découvrir
Oz vole toujours à un très haut niveau, celui de la grande époque HBO. Malgré une saison 2 qui fait parfois du surplace dans la violence et le déchainement de haine, l’ensemble est absolument immanquable. Son refus de tout compromis et sa persistance dans une noirceur absolue en font vraiment un modèle du genre. Au-delà de sa valeur artistique, Oz a eu le mérite de faire réfléchir sur l’absurdité du système carcéral américain. Une absurdité connue, mais probablement jamais exposée de manière aussi évidente. Passionnant.
Pour les plus geeks, Battlestar Gallactica est également une valeur sure. Derrière ses oripeaux de série cheap pour le câble américain, le show déploie avec une intelligence redoutable une intrigue qui relit à la fois les thèmes les plus forts de la science fiction (intelligence artificielle, quête spatiale, space opéra) et ceux de la politique (démocratie, pouvoir militaire, despotisme). Il faut sûrement être un peu geek pour aimer ça, mais il serait dommage de se priver.
Dans un registre moins brillant et plus trash, les deux premières saison de Skins sont très réussies. Loin d'une image réaliste de la jeunesse, la série déploie plutôt un vértiable cauchemar de parents avec une impayable gallerie d'ados complètements barrés, libidineux et drogués. Drôle, touchant, parfois dégueulasse, souvent triste, la série a l'élégance de refuser tout bonheur facile.